« Madame Ose Bashung », Cabaret « folle » qui revisite le répertoire du chanteur disparu
Cabaret « folle » qui revisite le répertoire [...]
Créée à l’occasion de la 37e édition des Fêtes nocturnes au Château de Grignan en juin dernier, cette variation ludique et joyeuse autour du Cid de Corneille (1637) est reprise au TNP à Villeurbanne. Mise en scène par Jean Bellorini, portée par quatre interprètes talentueux, elle s’adresse joliment au public d’aujourd’hui. Dans un élan d’enfance, la magie du théâtre renouvelle ses pouvoirs, pour tous et toutes.
Sous le ciel étoilé de Grignan, Jean Bellorini et les siens s’emparent de l’une des plus célèbres pièces du répertoire, jouée devant la façade du sublime château où demeura Madame de Sévigné, admiratrice de « ces tirades de Corneille qui font frissonner ». Jusqu’au 24 août, au fil d’une exceptionnelle série de 44 représentations, le metteur en scène directeur du TNP à Villeurbanne revisite la partition du Grand Siècle d’une manière ludique et allègre, dans un élan d’enfance qui met l’imagination au pouvoir, célèbre la magie artisanale du théâtre et fait entendre en partage avec le public la beauté du vers cornélien, à la fois patrimoniale et éternelle. Dans cette Histoire d’un Cid, qui n’est pas tant actualisée qu’adressée au public d’aujourd’hui, la mise en scène est un jeu où s’exprime l’art de l’acteur : les comédiens et comédiennes jouent, racontent, déstructurent, commentent, incarnent… Point de Roi de Castille ici ni de gentilshommes castillans, le texte est centré sur Rodrigue, Chimène, l’Infante, en dialogue avec sa confidente Léonor. Les amoureux s’y débattent, en proie au feu de l’amour autant qu’à la tyrannie de l’honneur et de l’autorité. La partition fait aussi apparaître les pères. « Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères ? » soupire le courageux Rodrigue, sommé par son père de le venger en punissant l’offenseur, père de Chimène.
Un périple facétieux tissé de fantaisie
Le talentueux François Deblock interprète un Rodrigue vif-argent plein de charme et de fantaisie. Cindy Almeida de Brito est une fougueuse et affirmée Chimène. C’est l’Infante, le personnage le plus émouvant de l’intrigue, aimant Rodrigue dans le secret de son cœur, qui inaugure l’histoire. Karyll Elgrichi lui confère une belle et intense présence, nourrie d’émotion retenue. Dans une diction teintée d’accent italien, Federico Vanni interprète avec finesse et justesse Léonor mais aussi Don Diègue. Quelques ajouts en forme d’explications de texte, quelques traits d’humour entrecoupent le texte, quelques adresses aux étoiles aussi, quelques orages et les mots très beaux de Marguerite Duras dans Emily L. Sans oublier le chant SOS d’un terrien en détresse de Daniel Balavoine ou un moment participatif qui enchante le public (bon nombre connaissent la tirade par cœur – Ô rage ! ô désespoir !…). Sur un plateau nu se distinguent quelques éléments symboliques, voire vintage, dans la lignée des costumes bigarrés signés Macha Makeïeff. Deux musiciens à jardin, Clément Griffault (claviers) et Benoit Prisset (percussions), s’intègrent parfaitement à la partition théâtrale. Posée sur le plateau, une vaste toile se gonfle et se dégonfle, se transformant en château ludique et instable s’élevant sur un matelas mouvant vaillamment escaladé (Véronique Chazal a conçu la scénographie). Sur le devant de la scène, un tout petit voilier de bois abîmé, le « Vague à l’âme », acquiert ici une grande importance… Comme toujours dans le travail de Jean Bellorini, le spectaculaire et le fantastique accompagnent l’émotion, et n’empêchent pas de voir l’intérieur des âmes.
Agnès Santi
du mardi au vendredi à 20h, samedi à 18h30, dimanche à 16h, relâche le lundi et le dimanche 8 décembre. Tél : 04 78 03 30 00. Spectacle vu au Château de Grignan en juillet 2024. Durée : 1h40.
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