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Théâtre - Entretien

Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres, Julie Deliquet célèbre Molière à sa manière : rencontre

Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres, Julie Deliquet célèbre Molière à sa manière : rencontre - Critique sortie Théâtre Paris Comédie-Française Salle Richelieu
Julie Deliquet CR : Pascal Victor

Comédie-Française / spectacle conçu par Julie Deliquet

Publié le 27 septembre 2022 - N° 303

À la Comédie-Française, Julie Deliquet célèbre Molière à sa manière, en saisissant de l’intérieur la vie de sa troupe, dans son ébullition créative autant que dans son quotidien.

Comment est né ce projet ?
Julie Deliquet :
Ce spectacle est le fruit d’une commande d’Eric Ruf dans le cadre de la célébration du 400ème anniversaire de la naissance de Molière. Je ne me sentais pas le désir, ni les compétences de mettre en scène un de ses textes. Alors, j’ai choisi de parler de la troupe de Molière, de ces histoires qui commencent sur les routes et deviennent reconnues par l’État, de celui que l’Histoire a retenu mais aussi de ceux qui furent les premiers sociétaires de la Comédie-Française. Et certainement, à travers cela, de mon rapport au théâtre et des hommes et femmes de théâtre d’aujourd’hui, qui gardent en partie les mêmes problématiques.

Ce n’est donc pas un biopic sur Molière ?
J.D. :
Non. Il s’agit plutôt de rentrer dans l’univers privé de la troupe. Les comédiennes et comédiens habitaient les uns à côté des autres, en face du Palais Royal. Ils avaient une sorte de vie communautaire. Les décisions se prenaient de manière paritaire. Hommes et femmes votaient. Ils étaient en autogestion. Molière était le directeur artistique mais ils partageaient ensemble toutes les tâches nécessaires à la vie de la troupe. Chacun décidait par exemple de qui pouvait intégrer la troupe ou devait la quitter, comme cela se fait encore à la Comédie-Française. C’est cette vie que je voulais saisir. Le moment où les comédiens rentrent ensemble chez eux, font bouillir la marmite, enlèvent les poux dans les cheveux des enfants, parlent de l’avenir et de la représentation qu’ils viennent de donner.

« On s’empare de l’Histoire à hauteur d’hommes, et de femmes. »

Comment vous êtes-vous documentée ?
J.D. : J’ai lu la biographie de Georges Forestier qui nous a aussi assistés directement sur toutes les questions historiques. J’ai aussi regardé le Molière de Mnouchkine par exemple ou encore le Van Gogh de Pialat, parce que ce sont des œuvres à travers lesquelles les artistes parlent de leur propre rapport à l’art. Je ne veux pas faire une pièce de folklore, ni évoquer ce que l’on sait déjà sur Molière mais entrer dans la vie des comédiens et des comédiennes. C’est une époque par exemple où on ne portait pas de culotte. Comment faisaient les femmes au plateau quand elles avaient leurs règles ? Et pour remonter sur scène quinze jours après l’accouchement ? On s’empare de l’Histoire à hauteur d’hommes, et de femmes.

Quelle période saisissez-vous la vie de cette troupe ?
J.D. : Nous prenons en compte l’époque de L’école des femmes, premier grand succès de la troupe de Molière, première comédie en cinq actes qui fait un vrai buzz à Paris mais déchaîne aussi la critique. D’où La critique de l’école des femmes qui suivra peu après et L’impromptu de Versailles. Nous suivons leur vie quotidienne, les répétitions dans les appartements du printemps à l’automne 1663, jusqu’à finir dans cette grande salle commune avec les mots de Molière.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres
du mercredi 12 octobre 2022 au dimanche 15 janvier 2023
Comédie-Française Salle Richelieu
1 Place Colette, 75001 Paris

20H30 et 14h le dimanche 16 octobre
2H25
Tel : 0825 10 16 80

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