Orchestre Titanic
Philippe Lanton met en scène cette comédie [...]
Dans une mise en scène minimaliste d’Arnaud Meunier, Rachida Brakni donne voix à trois femmes plongées dans la violence du conflit israélo-palestinien. Un coup de poing théâtral.
C’est dans la petite salle de la Comédie de Saint-Etienne appelée L’Usine que le directeur des lieux, le metteur en scène Arnaud Meunier, a créé Je crois en un seul dieu, de l’auteur italien Stefano Massini, le 10 janvier dernier. Le théâtre n’est sans doute jamais aussi beau que lorsqu’une communauté de spectateurs s’agrège, fait corps, se tend à travers une même respiration, un même souffle suspendu aux mouvements d’un texte, d’une mise en scène, d’une prestation de comédien-ne. C’est l’expérience qu’a pu vivre le public stéphanois lors de la première représentation de ce spectacle, qui fut un moment d’une force rare. Bien sûr, il y a le thème : brûlant, terriblement d’actualité. Trois femmes — Shirin, une palestinienne candidate au martyr pour les brigades d’Al-Qassam ; Eden, une professeur d’histoire juive appartenant à la gauche israélienne ; Mina, une militaire américaine soutenant les opérations anti-terroristes de Tsahal — vivent un compte-à-rebours qui les mènera au chaos et à la mort. Mais il y a aussi l’interprète qui confère une authenticité confondante à ces trois voix entrelacées.
Chronique d’un drame annoncé
Cette artiste, c’est Rachida Brakni. Seule sur scène, la comédienne donne toute l’intériorité nécessaire au théâtre-récit de Stefano Massini. Un théâtre à hauteur d’êtres qui dévoile – de façon très factuelle, comme documentaire, sans préconçus ou jugements – les pensées et les parcours de ces femmes dont les destins vont se rejoindre. Nourri par une mise en scène d’une grande exigence qui laisse se déployer toute l’intensité d’une violence contenue (les lumières et la scénographie sont de Nicolas Marie, la création musicale est de Patrick de Oliveira), Je crois en un seul dieu (texte à paraître chez L’Arche Editeur sous le titre O-dieux) nous plonge dans le cauchemar d’une humanité déchirée par les spirales de la peur, de la colère, de l’aveuglement. On assiste, impuissants, à une avancée vers le pire qui prendra forme dans un bar de Tel Aviv, le 8 avril 2003, à 22H04. Une avancée sans répit que la bouleversante Rachida Brakni, au plus juste des émotions de ses trois personnages, sauve du désespoir absolu en maintenant concrète, et active, la possibilité d’une fraternité à venir.
Les Célestins – Théâtre de Lyon, place des Célestins, 69002 Lyon. Du 1er au 17 février 2017. Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Relâche les lundis et le dimanche 5 février. Spectacle vu lors de sa création à la Comédie de Saint-Etienne, le 10 janvier 2017. Durée de la représentation : 1h40. Tél. : 04 72 77 40 00. www.celestins-lyon.org
Egalement à la Scène nationale d’Angoulême du 7 au 8 mars 2017, au Théâtre du Rond-Point du 14 mars au 9 avril, aux Scènes du Jura - Scène nationale du 13 et 14 avril, au Théâtre des 3 Ponts à Castelnaudary le 20 avril, au Théâtre national de Nice du 26 au 29 avril, au Centre culturel de La Ricamarie du 3 au 5 mai, au Centre culturel Le Safran à Amiens les 10 et 11 mai, au Centre culturel Aragon à Oyonnax les 18 et 19 mai.
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