Laurent Vacher dessine le portrait de femmes révoltées dans « La Colère ».
D’où vient la colère ? Où s’ancre-t-elle ? [...]
Avignon / 2025 - Entretien / Philippe Calvario
Sheila O’Connor a connu la popularité à 14 ans grâce au film culte La Boum, où elle incarne le personnage de Pénélope. À maintenant plus de cinquante ans, elle signe un premier texte autobiographique qu’elle interprète elle-même, dans une mise en scène de Philippe Calvario créée à l’Essaïon Avignon Théâtre.
J’aurai 14 ans toute ma vie est un objet singulier dans votre parcours de mise en scène, où les classiques tiennent une place centrale. D’où en vient chez vous l’envie ?
Philippe Calvario : Je suis lié à Sheila O’Connor depuis mes 17 ans. L’ayant admirée dans La Boum où elle joue le rôle de Pénélope, la meilleure amie de Vic (Sophie Marceau), je lui ai alors écrit pour lui demander des conseils sur le métier d’acteur. Et elle m’a répondu ! Nous nous sommes revus des années plus tard, lorsqu’elle est venue voir mes spectacles. J’ai perçu son envie de jouer au théâtre, ce qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps, et je l’ai engagée dans le rôle de Lisette dans ma mise en scène du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux. C’est alors qu’elle m’a parlé de son désir d’écrire un texte autobiographique dans le but de l’incarner elle-même. Lorsqu’elle m’a proposé de l’accompagner, il était pour moi évident d’accepter !
Sheila O’Connor n’a pas connu la célébrité de Sophie Marceau. Que nous raconte-t-elle de sa vie dans ce spectacle ?
P.C. : C’est une grande traversée qu’elle nous offre, puisqu’elle commence par évoquer son enfance pour aller jusqu’à raconter la femme qu’elle est aujourd’hui. Au tiers du spectacle, Pénélope apparaît sous les traits d’une jeune actrice, Bertille Mirallié, et se met à discuter avec Sheila. Dans ces passages de dialogue très méta-théâtraux, les deux femmes échangent sur leurs rêves, qui ne sont pas les mêmes. Les déboires de Sheila avec des producteurs véreux bien avant #Metoo n’y sont pas pour rien, et cela fait aussi partie du spectacle.
J’aurai 14 ans toute ma vie donnerait-il ainsi une image nuancée des années 80, largement associées dans l’imaginaire à la notion de liberté ?
P.C. : Si le spectacle nous immerge dans l’atmosphère des années 80, par les costumes, la musique, les paillettes de notre Pénélope ou encore par les images diffusées sur les écrans empilés qui constituent notre scénographie, il porte aussi la trace de la désillusion qui a suivi cette période vue aujourd’hui comme une sorte d’âge d’or. Après la grande ébullition de cette période, aussi bien socialement avec les débuts de SOS Racisme qu’individuellement avec la libération sexuelle, la naissance des radios libres, les lieux de fête comme Le Palace, le Sida est arrivé, les espoirs politiques se sont refermés… Tout cela, Sheila l’évoque à travers son parcours personnel, mais sans aucun psychodrame. Au contraire, c’est un spectacle très positif, centré sur la résilience.
Cherchez-vous à créer une distance entre la personne privée de Sheila O’Connor et celle que l’on découvre dans la pièce ?
P.C. : Dans la pièce, Sheila 0’Connor parle de sa propre vie, mais elle le fait à la manière d’un clown blanc, tandis que Bertille Mirallié se place plutôt du côté de l’auguste. Sheila utilise les codes du stand-up, dans un tout qui se veut stylisé et lumineux.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 20h10, relâche les 10, 17 et 24 juillet.
Tel : 06 52 35 59 24.
Durée : 1h10.
D’où vient la colère ? Où s’ancre-t-elle ? [...]
Après avoir interrogé la bêtise et la [...]
Dans Last day, la comédienne Marylin Leray [...]