La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

J’ai rêvé la révolution

J’ai rêvé la révolution - Critique sortie Théâtre Ivry-sur-Seine Théâtre des Quartiers d'Ivry - Centre Dramatique national du Val-de-Marne - Manufacture des Œillets
J’ai rêvé la révolution, une pièce de Catherine Anne. Crédit : Bellamy

Théâtre des Quartiers d’Ivry / de Catherine Anne / mes Catherine Anne et Françoise Fouquet

Publié le 24 janvier 2018 - N° 262

L’auteure, comédienne et metteure en scène Catherine Anne s’inspire de la vie et des écrits d’Olympe de Gouges pour parler d’enfermement, de justice, de liberté, d’universalisme… Une parole forte et belle qui s’incarne au Théâtre des Quartiers d’Ivry.

L’écriture est aiguë. Syncopée. Tranchante et anguleuse. Elle donne à la fois le sentiment de la maigreur et de la consistance, puise autant dans les choses du quotidien que dans une forme de poésie concrète et précise, très exigeante. Rien ne paraît jamais superflu dans cette pièce composée de vers libres (publiée chez Actes Sud – Papiers) qui réinvente les derniers jours d’Olympe de Gouges. Guillotinée en 1793 pour avoir dénoncé l’instauration d’une dictature révolutionnaire, cette figure du féminisme et de l’abolitionnisme – auteure d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne – passa les derniers mois de son existence en captivité. Mais ne nous trompons pas, J’ai rêvé la révolution n’est pas un spectacle historique. Le texte écrit, mis en scène (en collaboration avec Françoise Fouquet) et interprété par Catherine Anne (aux côtés de Luce Mouchel, Morgane Real et Pol Tronco) ne nomme pas ses personnages, ne les restreint pas aux limites d’une époque ou d’une autre. La Prisonnière qui nous est présentée est une femme d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Une façon d’aller toujours à l’essentiel

Son destin se joue devant nos yeux. En quelques jours et nuits. Le temps de dénoncer les égarements d’une société sexiste. De replacer l’écriture et la pensée au centre de l’idéal démocratique. De réinterroger les fondements humanistes du soulèvement révolutionnaire. D’éclairer les notions d’égalité, de liberté, de justice, d’enfermement… Tout se dit et s’incarne dans l’exiguïté dépouillée d’espaces intimistes. Une cellule de prison. Une cuisine. Un endroit retiré, au coin d’une rue. Des espaces au sein desquels les esprits et les idées se confrontent, se heurtent, s’exposent. Sans jamais tomber dans l’explicatif ou le bavardage. Ce qui frappe d’emblée, ici, c’est une façon d’aller toujours à l’essentiel. De s’en tenir à l’exigence de la matière humaine et philosophique que l’on explore. Dans le rôle de La Prisonnière, face à une Luce Mouchel tout en sensibilité, Catherine Anne est étonnante de droiture et de netteté. Elle sculpte sa propre langue de manière radicale. C’est au Théâtre des Quartiers d’Ivry qu’il faut aller voir et entendre cette création. Dans le théâtre codirigé, jusqu’à sa disparition en août dernier, par Adel Hakim. Le texte de J’ai rêvé la révolution lui est dédié.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

J’ai rêvé la révolution
du lundi 5 février 2018 au vendredi 16 février 2018
Théâtre des Quartiers d'Ivry - Centre Dramatique national du Val-de-Marne - Manufacture des Œillets
1 place Pierre-Gosnat, 94200 Ivry-sur-Seine

Le Lanterneau. Le lundi, mardi et vendredi à 20h ; le jeudi à 19h ; le samedi à 18h ; le dimanche à 16h. Durée de la représentation : 1h40. Spectacle vu lors de sa création à Château Rouge – Scène conventionnée d’Annemasse, le 17 janvier 2018. Tél. : 01 43 90 11 11. www.theatre-quartiers-ivry.com

Egalement du 25 janvier au 2 février 2018 à la MC2 à Grenoble, les 8 et 9 mars au Théâtre du Sillon - Scène conventionnée de Clermont, les 15 et 16 mars à la Scène conventionnée de Privas, les 3 et 4 mai au Théâtre des Halles à Avignon.

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre