Première Ride de Léo Walk
Léo Walk présente au Châtelet son premier [...]
Danse contemporaine - Critique
Avec ses interprètes d’exception et sa chorégraphie en état d’urgence, Boris Charmatz nous plonge dans le vertige des nombres.
Après la création de 10000 gestes, Boris Charmatz continue à creuser la relation entre le physique et l’algébrique avec infini. Mais, précise-t-il : « la pièce ne va pas commencer avant que les spectateurs entrent dans la salle, elle ne va pas se poursuivre au-delà des applaudissements, elle ne durera pas quatre heures, elle n’impliquera pas 200 danseurs… » Car pour lui, l’infini est sans doute un espace intérieur qui se met en branle dans la mise en relation de chiffres. On compte la musique, ses pertes et ses bénéfices, la danse, la mesure et les moutons, les jours et les semaines. Cette infinitude berce notre quotidien ! Notre vie ressemble à une suite infinie de chiffres comme autant de mots de passe et de formules… Au-delà du comptage permanent, qui demande une agilité mentale diabolique aux danseurs pendant une heure et demie, infini ressemble à un état d’urgence absolu, comme en témoignent les gyrophares posés au sol qui servent de décor et d’éclairage à une pièce en tension permanente.
Du zéro à l’infini
Mais surtout ces comptes incessants deviennent une matière sonore surprenante, sur un rythme implacable et modulable, une cadence inouïe, qui pulse et soutient une danse saisissante, exacerbée, excessive. Les gestes semblent puisés à la racine même du chaos. Les interprètes, dont Boris Charmatz lui-même, se lancent à corps perdus dans cette danse exigeante et frénétique à la gestuelle insatiable et impatiente, infiniment risquée, curieusement virtuose et époustouflante. Car en plus de tout ça, ils chantent ! Mais le plus souvent, ils énoncent les nombres comme on jouerait aux dés, leur destin à la merci de ce tirage sans pitié, qui se combine à l’acharnement des danseuses et danseurs, tournant, sautant, spiralant sur eux-mêmes, tombant, utilisant toutes les techniques à leur disposition pour construire une chorégraphie aussi originale qu’hétérogène. infini est une sorte de lame de fond qui recouvre toute la danse sur son passage et nous laisse rincés quand elle se retire, face à l’infini de ses possibles interprétations.
Agnès Izrine
Les 21 et 22 décembre à 20h. Réservations sur ce lien
Rens par téléphone :
70 min – tout public à partir de 12 ans
Spectacle vu le 4 juillet 2019, Festival Montpellier Danse.
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