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Théâtre - Critique

Huit heures ne font pas un jour, texte de Rainer Werner Fassbinder, mise en scène Julie Deliquet

Huit heures ne font pas un jour, texte de Rainer Werner Fassbinder, mise en scène Julie Deliquet - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard-Philipe – Centre dramatique national de Saint-Denis
Huit heures ne font pas un jour, mis en scène par Julie Deliquet. Crédit : Pascal Victor/ Opale

de Rainer Werner Fassbinder / mise en scène Julie Deliquet

Publié le 30 septembre 2021 - N° 292

Julie Deliquet crée, à Saint-Denis, son premier spectacle en tant que directrice du Théâtre Gérard-Philipe. La metteuse en scène présente une adaptation dramatique d’une mini-série réalisée pour la télévision allemande, au début des années 1970, par Rainer Werner Fassbinder.

C’était il y a 50 ans. L’idée des producteurs de la chaîne de télévision allemande WDR était de réinventer le genre de la série familiale, dont les héros appartenaient traditionnellement à la bourgeoisie, pour créer un divertissement populaire ouvrant sur le monde prolétaire. Ils demandèrent à Rainer Werner Fassbinder d’écrire et de réaliser le projet. Diffusés d’octobre 1972 à mars 1973, les cinq épisodes de Huit heures ne font pas un jour* (Acht Stunden sind kein Tag) dévoilent, en 475 minutes, la vie des Krüger-Epp, une famille d’ouvriers habitant à Cologne. Ce sont les lignes multiples de cette trame fictionnelle entrelaçant sphères de l’intime et du politique que Julie Deliquet transpose aujourd’hui sur scène, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint Denis. Fidèle à l’humeur rieuse et utopique de l’œuvre de Fassbinder, comme elle est fidèle au théâtre d’acteurs qui la caractérise, la metteuse en scène signe un spectacle de troupe qui exalte les couleurs gaies et concrètes du vivant.

Une comédie du quotidien

Ils sont quatorze sur le plateau, appartenant à quatre générations différentes. Ils mangent, ils fument, ils boivent, ils rient, ils s’emportent, ils disent leurs espoirs et leurs craintes, leurs joies et leurs tracas. A travers leurs existences, s’expriment les petites choses du quotidien, ainsi que de vastes pensées sur la condition ouvrière, les rapports de classe, la xénophobie, la place de la femme dans le couple, l’accès au bonheur… Comédie du quotidien dénonçant l’immobilité d’une société qui peine à dépasser ses conservatismes, Huit heures ne font pas un jour célèbre l’énergie d’une époque qui, contrairement à la nôtre, faisait le choix de la pensée et de l’action collectives. Tout ceci engendre un spectacle prenant, souvent drôle, parfois touchant, mais qui donne l’impression de survoler la matière abondante dont il s’inspire. Réduite à trois heures, la fresque de Rainer Werner Fassbinder souffre de déséquilibres. Par moment un peu trop elliptique, par moments un peu trop bavarde, cette version condensée de Huit heures ne font pas un jour séduit sans totalement convaincre, laissant envisager un champ bien plus ample et riche d’expériences de vie.

Manuel Piolat Soleymat

* Le texte de la version théâtrale est publié par L’Arche Editeur.

A propos de l'événement

Huit heures ne font pas un jour
du mercredi 29 septembre 2021 au dimanche 17 octobre 2021
Théâtre Gérard-Philipe – Centre dramatique national de Saint-Denis
59 boulevard Jules-Guesde, 93200 Saint Denis.

Du lundi au vendredi à 19h30, le samedi à 17h, le dimanche à 15h, relâche le mardi et le jeudi 7 octobre. Durée : 3h10 avec entracte. Tél. : 01 48 13 70 00. www.tgp.theatregerardphilipe.com

Egalement du 5 au 7 janvier 2022 au Domaine d’O à Montpellier, le 14 janvier à l’Espace Marcel Carné à Saint-Michel-sur-Orge, du 19 au 23 janvier au Théâtre des Célestins à Lyon, du 2 au 4 février à la MC2 à Grenoble, les 9 et 10 février à la Scène nationale de La Rochelle, du 16 au 18 février au ThéâtredelaCité à Toulouse, les 24 et 25 février à la Comédie de Colmar, les 4 et 5 mars à la Scène nationale de Toulon, du 10 au 12 mars au Théâtre Joliette à Marseille, les 17 et 18 mars au Centre dramatique national de Limoges, du 23 au 25 mars à la Comédie de Reims, les 6 et 7 avril à la Comédie de Caen.

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