(V)îvre de Circa Tsuica
Critique
En tournée / Conception Circa Tsuica
Publié le 3 octobre 2020
Avec 12 artistes au plateau, Circa Tsuica, la fanfare cirque du Collectif Cheptel Aleïkoum, tente de faire entrer la ville dans le chapiteau. Sans réussir à donner consistance à cette intention.
Pour le Cheptel Aleïkoum, le cirque se vit en partage avec les hommes et les femmes qui l’entourent. En particulier avec les habitants de Saint-Agil, petite commune du Loir-et-Cher qui accueille depuis 2004 la dizaine d’artistes professionnels qui composent le collectif, issue de la quinzième promotion du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Née au sein de cette aventure, la fanfare circassienne Circa Tsuica crée des spectacles qui en témoignent d’une manière bien reconnaissable : à travers une combinaison de musique et d’acrobatie réalisée avec des instruments et des techniques simples. Des vélos et des trapèzes surtout, que l’on retrouve dans leur nouvelle pièce, (V)îvre, créée en septembre lors du Village de Cirque à Paris. Comme dans son fameux Repas, qui a réjoui des convives de toute la France et d’ailleurs de 2011 à 2016, ou dans Maintenant ou Jamais (2014), Circa Tsuica assume pleinement son côté populaire et bon enfant. Loin de chercher à réduire au maximum la part spectaculaire de son travail – phénomène courant parmi les compagnies qui se revendiquent du nouveau cirque –, la fanfare y va à fond. Elle sort une nouvelle fois son attirail de tambours, de caisses ou encore de trompettes, qu’elle utilise autant comme des instruments que comme des agrès. On a d’abord plaisir à retrouver tous ces éléments d’une identité bien trempée. On s’attend à une fête qui, hélas, ne vient jamais vraiment.
Une ivresse à distance
« Faisons entrer la rue sous le chapiteau, le mouvement, l’imprévu, la vie ! », disent les musiciens et acrobates dans leur note d’intention de (V)îvre. Mais le cow boy fouetteur, la cycliste amoureuse, la pin-up aérienne, le frimeur as de la bascule et les autres figures qu’ils incarnent ne sont pas à la hauteur de l’ambition. Caricaturaux mais sans démesure, les protagonistes se livrent à toutes sortes de petites scènes qui, au lieu de conduire à l’ivresse promise par le titre du spectacle, ont tendance à lui faire obstacle. S’ils avaient jusque-là réussi à éviter cet écueil, les membres de la fanfare abordent la question du « vivre ensemble » d’une manière trop littérale pour laisser place aux débordements attendus. Il faut dire que le contexte sanitaire actuel, qui empêche tout mélange entre artistes et spectateurs, n’est pas favorable aux excès tels qu’aime à les pratiquer Circa Tsuica. Entouré par des panneaux « Stop Covid », le banquet installé sous le chapiteau avant l’entrée en piste des interprètes est éloquent à ce sujet. Pas questions aujourd’hui pour la compagnie de partager le manger et le boire comme elle le faisait jusque-là dans la plupart de ses pièces. Privée d’une partie de son langage habituel, elle peine à réaliser son exploration de tous les enivrements.
Anaïs Heluin
A propos de l'événement
(V)îvre de Circa Tsuicadu vendredi 9 octobre 2020 au dimanche 11 octobre 2020
CREAC de Bègles
Mairie de Bègles 77, rue Calixte Camelle, 33130 Bègles
Tel : 05.56.49.95.95.
Également les 17, 18, 20, 21 et 22 octobre au Festival CIRCa à Auch, du 27 novembre 2020 au 20 décembre 2021 au Théâtre Firmin Gémier / La Piscine – Espace cirque d’Antony, du 14 au 16 janvier 2021 à l’Agora à Evry, du 21 au 24 janvier au Festival Circonova à Quimper…