Viva España ! Un programme de l’ONDIF aux couleurs hispanophiles

À une époque où l’aventure coloniale a nourri la soif d’imaginaires lointains, il est un exotisme qui a marqué durablement la musique française  : celui de l’Espagne. Comme Debussy, qui au même moment compose Iberia, Ravel n’a guère traversé les Pyrénées – quoiqu’il fût né à Ciboure. Cela ne l’a pas empêché de reconstituer un folklore de couleurs et de saveurs plus vrai que nature dans la suite Rapsodie espagnole. Dès cette première grande œuvre pour orchestre, il s’affirme comme l’un des plus grands orfèvres de l’histoire de la musique. Le sens du rythme n’est pas en reste, dans la vitalité de la Feria conclusive ou d’Alborada del gracioso, page procédant d’un recueil pour piano, Miroirs, sans oublier le Boléro. Sur une pulsation imperturbable, celui-ci met en avant chacun des pupitres d’un effectif couvrant toute la palette symphonique. Quelques années plus tôt en 1897, Richard Strauss condensait dans l’opulence orchestrale de Don Quichotte l’un des monuments de la littérature espagnole, avec un violoncelle concertant qui sera ici tenu par Johannes Moser.

Gilles Charlassier