La Terrasse

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Etat des lieux de la danse en France

Une matière contemporaine fondée sur une redécouverte du passé

Une matière contemporaine fondée sur une redécouverte du passé - Critique sortie Danse
Légende : Béatrice Massin. Photographie : Luc Barrovecchi

Publié le 30 novembre 2011

Béatrice Massin a été danseuse au sein de la compagnie Ris et Danceries, puis assistante de Francine Lancelot, qui dans les années 1970 et 1980 révélait au public la richesse du patrimoine chorégraphique baroque. Aujourd’hui, elle fait partie des chorégraphes qui, à partir de ce répertoire, inventent des voies nouvelles.

Qu’est-ce que le baroque, en 2011 ?
Béatrice Massin :
Je dirais que c’est un pan de la création qui va de l’avant, qui invente des formes résolument contemporaines, tout en éclairant les bases mêmes de notre culture, celles qui nous permettent de prendre notre élan. Lors de la redécouverte de la danse et de la musique baroques, c’est cette relation immédiate entre le présent et le passé qui m’a passionnée, et qui est devenue mon moteur de création. 

« J’aimerais qu’il soit un jour aussi évident de parler de danse baroque que de musique baroque ! »

L’an dernier, avec La Belle Dame (qui redonnait à voir des danses que Francine Lancelot avait remontées sur la base des partitions chorégraphiques du XVIIIe siècle) et la reprise d’Atys, le répertoire s’est ré-invité dans votre travail… Quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?
B. M. :
Il s’agissait, en 2011, de réinterroger les premières pierres qui ont posé la redécouverte de la danse baroque. Cette nouvelle lecture m’invite à l’épure : aujourd’hui, je vois clairement le baroque comme une structure très construite, que l’on va ensuite arrondir, faire chanter, avec des spirales, du volume, de l’excentricité… Je peux choisir, à certains moments, d’aller au plus près de la structure, la donner à voir dans toute sa pureté, puis, à d’autres moments, de l’habiller, l’ornementer, par tous les moyens possibles. Ce va-et-vient est d’ailleurs l’essence même du baroque ! Ce retour aux sources était donc un grand plaisir. A présent, je suis très impatiente à l’idée de repartir vers la création… Cette année consacrée à l’héritage de Francine Lancelot m’a aussi permis de m’interroger sur les traces que j’allais laisser à mon tour, et sur les voies que j’ouvrais pour que le baroque, ou plutôt les baroques, continuent de s’inventer. J’ai demandé à Béatrice Aubert d’écrire les chorégraphies de Francine Lancelot en notation Laban, pour que d’autres artistes puissent les interroger.

En trente ans, diriez-vous que le regard porté sur la danse baroque a évolué ?
B. M. :
Bien sûr. Je pense, et j’espère, que des pièces comme Que ma joie demeure ont montré que le baroque pouvait devenir une matière contemporaine. Le public l’a compris, les artistes aussi : récemment David Rolland m’a invitée à intervenir dans la création de L’Etranger au paradis ; Dominique Boivin, Pascale Houbin et Daniel Larrieu m’ont demandé de leur chorégraphier une danse sur une chanson de Léo Ferré. On est loin des stéréotypes des années 1980 ! Lors de la reprise d’Atys, les réactions du public témoignaient d’un regard beaucoup plus fin sur le travail de la danse. La danse baroque trouve sa place à l’université, dans les conservatoires… Cela dit, il reste bien sûr du travail à fournir : j’aimerais qu’il soit un jour aussi évident de parler de danse baroque que de musique baroque !

Propos recueillis par Marie Chavanieux

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