Une Maison de Christian Rizzo
Bonlieu scène nationale
Chorégraphie Christian Rizzo
Entretien Christian Rizzo
Publié le 24 février 2019
Pas moins de quatorze danseurs sont rassemblés par Christian Rizzo dans le dispositif lumineux de Caty Olive pour cette nouvelle création.
Vos trois précédentes pièces parlaient fondamentalement de danse. De quoi s’agit-il dans Une Maison ?
Christian Rizzo : Dans cette nouvelle pièce de danse, l’accent n’est pas mis sur quelque chose qui viendrait de l’extérieur, comme lorsque j’observais dans ma précédente trilogie des pratiques de danse qui n’étaient pas les miennes, mais sur quelque chose d’intime, d’intérieur. Ce que j’essaie de faire depuis quelque temps, c’est de questionner le rapport entre l’abstraction et la fiction, et comment l’une nourrit l’autre, sans qu’on les oppose. Je m’efforce de travailler ces deux pôles comme une seule et même entité. Le fait de donner un titre tangible me permet d’aller plus loin dans des processus de composition abstraits. On peut constater l’écart que cela provoque, et comment un système de composition abstraite fait naître des poches ou des signes de fiction potentiels.
Comment traitez-vous la notion d’intimité avec ce grand groupe de danseurs ?
C. R. : Je cherche à faire naître chez les danseurs une sensation d’intime. Elle se loge entre moi, les danseurs, et potentiellement le public. C’est quelque chose qui part de l’intérieur, une sensation de soi à soi. Bien qu’il s’agisse d’un grand groupe, nous travaillons beaucoup sur les micro-événements, d’une personne à une autre voire à deux autres.
« Ce que je recherche avec cette pièce, c’est un rapport singulier et paradoxal à la solitude. »
Il ne s’agit donc pas d’un traitement de la masse par l’unisson, le mouvement d’ensemble…
C. R. : Non, même si des micro-unissons se transmettent et circulent à l’intérieur du groupe. Ce que je recherche avec cette pièce, c’est un rapport singulier et paradoxal à la solitude, en étant seul affairé à quelque chose et en même temps dans la tentative de se rapprocher de l’autre, voire de la communauté. Le passage de soi à l’autre m’intéresse.
Vous parlez d’un « rapport tactile » entre les danseurs. Comment avez-vous travaillé cela ?
C. R. : J’ai voulu exploré comment les départs de mouvements pouvaient ne jamais venir d’une personne par elle-même et pour elle-même, mais toujours d’un contact avec quelqu’un, ou de la trace de ce contact. C’était important pour moi de rentrer dans cette chose apparemment anodine, qui transforme le rapport au démarrage du mouvement. C’est parce qu’il y a eu un contact, un touché, une mise à terre, que le mouvement se fait. C’est un flux qui provient de l’extérieur de soi. Je cherche aussi une tactilité à distance avec le regard, l’observation, la mise en relation des corps. Il y a toujours une espèce de jeu, entre le ping-pong, la partie de billard ou la partie d’échec, qui fait que tout se construit dans un lien de cause à effet.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Une Maison de Christian Rizzodu mardi 5 mars 2019 au mercredi 6 mars 2019
Bonlieu - scène nationale
1 rue Jean Jaurès 74000 Annecy
à 20h30. Tél. : 04 50 33 44 11.