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Visages de la danse 2019

Lady Magma de la chorégraphe Oona Doherty

Lady Magma de la chorégraphe Oona Doherty - Critique sortie Danse Paris
Crédit : Laurent Philippe Oona Doherty dans Hope Hunt.

Biennale de danse du Val-de-Marne / Atelier de Paris
Entretien Oona Doherty

Publié le 24 février 2019

Oona Doherty, artiste irlandaise de Belfast, est la jeune chorégraphe que tout le monde s’arrache. Elle sera à la Biennale du Val-de-Marne avec quatre pièces, dont la création mondiale de Lady Magma à l’Atelier de Paris.

Sur quel(s) thème(s) porte votre nouvelle création, Lady Magma ?

Oona Doherty : Lady Magma est une pièce pour cinq femmes, belles, attirantes, très féminines, dans une perspective féministe. J’explore leur façon de prendre le mouvement, leur sexualité, leur dynamique, leurs rituels. Je suis déterminée à trouver une nouvelle façon de travailler avec des idées semblables à celles qui peuvent apparaître dans mes autres pièces, c’est-à-dire une forme de lutte, mais avec plus de douceur. En même temps, se découvre quelque chose de tribal, de dionysiaque, de chaotique. J’ai sous-titré la pièce « naissance d’un rituel sous vos yeux », car ces femmes sont connectées et rendues plus fortes par la danse. C’est aussi pourquoi j’ai utilisé l’unisson dans ma chorégraphie. Je me suis aussi inspirée de l’imaginaire autour des sorcières, des rites celtiques ou vaudous, et des représentations féminines des années 1970, qui ont une esthétique que je voulais réinterroger.

« Une nouvelle façon de travailler, c’est-à-dire une forme de lutte, mais avec plus de douceur. »

Pourquoi ce titre ?

O. D. : Parce que la gestuelle de l’une des danseuses ressemblait pour moi à du magma, comme si elle fondait, ou ruisselait en s’affaissant. Je l’ai appelé Lady Magma, et cela m’a donné le titre, mais aussi le mouvement de base de la chorégraphie. Ce titre m’évoque aussi la mère de la mythologie grecque ou hindoue, les puissances fondamentales.

Vous parlez beaucoup de sexualité féminine…

O. D. : Oui, on a travaillé sur la contraction du vagin, et c’est une technique de tantra. Nous avons travaillé avec cette partie basse de notre anatomie pour créer du mouvement à partir de l’idée du plaisir féminin, sans pour autant être explicite et sans nécessité d’avoir l’air « sexy ».

Est-ce une pièce féministe ?

O. D. : Alors que mes premières pièces étaient une sorte d’étude de la masculinité, j’avais envie de me tourner vers la féminité d’autant plus qu’il y a une nouvelle vague féministe en Irlande, avec la loi sur l’avortement et le mouvement # metoo, dont je pense qu’il fallait s’emparer.

On vous connaît plutôt pour une gestuelle très masculine. Est-ce difficile pour vous de travailler à partir d’un vocabulaire corporel « féminin » ?

O. D. : Oui, pour moi c’est difficile, c’est pourquoi je ne danse pas dans cette pièce. C’est vrai que j’ai plutôt parlé dans mes précédentes pièces d’une « masculinité écorchée » qui est celle des hommes d’Irlande du Nord, avec une vulnérabilité sous-jacente.

Comment avez-vous recruté vos interprètes ?

O. D. : Elles sont parmi les meilleures danseuses et performeuses d’Irlande. Je leur fais confiance. Elles ont une grande justesse du geste, une honnêteté dans leurs intentions, rien n’est faux ou emprunté.

La vision de la femme a-t-elle changé en Irlande ?

O. D. : Ici à Dublin, le vote de la loi sur l’avortement est un grand progrès et cette victoire permet de penser que d’autres choses vont changer. Mais en Irlande du Nord, il est toujours interdit ! Pour la deuxième section de Belfast Prayer – Hard to be soft, j’ai recruté partout en Europe des jeunes filles pour un Haka très revendicatif. Je voudrais les amener toutes à Belfast pour changer cette loi !

Est-ce difficile pour une compagnie de danse contemporaine de vivre et se développer en Irlande du Nord ?

O. D. : Jusqu’à présent j’ai eu beaucoup de chance, car j’ai beaucoup tourné, et été co-produite, et j’ai reçu des subventions. Cela dit, les aides institutionnelles sont sans cesse revues à la baisse, année après année. Et tout risque de devenir beaucoup plus difficile à l’avenir.

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

Lady Magma de la chorégraphe Oona Doherty
du mercredi 3 avril 2019 au jeudi 4 avril 2019


à 20h30. Dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne. Tél. : 01 41 74 17 07. Durée 50 minutes.

 

Egalement : Espaces Pluriels, Théâtre Saragosse, Pau, le 9 mai à 20h30.

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