Suave de la brésilienne Alice Ripoll
La Villette / Chor. Alice Ripoll
Propos recueillis Alice Ripoll
Publié le 24 février 2019
La brésilienne Alice Ripoll présente pour la première fois en France Suave, fête endiablée qui met en scène dix danseurs des favelas de Rio qui réinventent le passinho.
« La culture des ghettos brésiliens m’a toujours beaucoup intéressée. À mon avis, elle a beaucoup plus à nous apprendre sur la vie, à nous tous, que l’art qui émane de la bourgeoisie ou des universités. Sa créativité, son érotisme, son charisme nous rapprochent du réel, de la vie. Pour Suave j’ai réuni dix danseurs qui viennent des favelas de Rio de Janeiro. Ces jeunes gens courageux se battent pour la danse dans un pays qui est injuste à de nombreux égards envers les artistes. Travailler avec eux m’a apporté un élan de créativité et de courage. Le courage de savoir que la vie aura une fin – comme le tatouage de Gabriel le dit : « une vie, une chance » – et que la meilleure des choses à faire pour nous est de faire bouger vigoureusement notre corps, sans crainte, car c’est alors que les choses commencent à se produire, à advenir. C’est ce que ces jeunes et géniaux chroniqueurs de la vie quotidienne, à qui j’ai demandé de réinventer le passinho, m’ont appris.
Variations sur le passinho
Le Passinho est une danse urbaine qui est née dans les favelas de Rio. Elle se pratique au son du funk carioca et requiert beaucoup d’agilité, car elle comprend des mouvements de jambes très complexes. On y retrouve des influences de break, de popping, de frevo (danse carnavalesque et acrobatique où l’on s’aide d’un parapluie), de samba, de kuduro (danse africaine entre électro et mouvements traditionnels) et bien d’autres encore. Au début, ce sont les trafiquants de drogue, qui finançaient les fêtes, qui pratiquaient cette danse. Ils encourageaient les jeunes garçons à l’apprendre. La prolifération des smartphones et d’internet a contribué à une rapide diffusion de sa technique. Cela a fini par rapprocher les jeunes des favelas contrôlées par des bandes rivales. Le passinho s’est développé hors des bidonvilles à travers des battles, qui ressemblent à celles du hip-hop. Aujourd’hui cette danse est connue dans tout le Brésil et a déjà des styles dérivés, comme la dancinha. »
Propos recueillis et traduits par Delphine Baffour
A propos de l'événement
Suave de la brésilienne Alice Ripolldu jeudi 28 mars 2019 au samedi 30 mars 2019
Grande Halle de la Villette
211 av. Jean Jaures, 75019 Paris.
à 19h. Tél. 01 40 03 75 75. Durée : 50 mn. Dans le cadre du Festival 100 %.