La Terrasse

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Etat des lieux de la danse en France

Un espace de création et d’échanges

Un espace de création et d’échanges - Critique sortie
© Marc Coudrais

Publié le 30 novembre 2011

Depuis son arrivée à la direction du Centre Chorégraphique National de Montpellier en 1996, Mathilde Monnier a fait de ce lieu un espace de création mais aussi de partage et d’échanges.

Comment concevez-vous les missions du Centre National Chorégraphique de Montpellier ?
Mathilde Monnier :
Je ne conçois pas le CCN comme un outil seulement dédié au financement de mes créations et à leur diffusion, mais comme un espace où des artistes viennent travailler, se ressourcer. Dès mon arrivée, j’ai accueilli d’autres chorégraphes, créé des communautés qui se retrouvent dans ces lieux et développé des coproductions. Les missions des CCN ont beaucoup évolué depuis leur mise en place, elles sont aujourd’hui proches de celle d’un CDN ou d’une scène nationale. Les CCN interviennent en effet dans le financement de productions, développent des actions de médiation auprès du public, accueillent des artistes en résidence, programment des spectacles, s’ouvrent de plus en plus sur l’extérieur. Nos moyens ont partiellement suivi, notamment avec la mise en place des subventions destinées aux accueils studio. Mais l’augmentation n’est pas proportionnelle à l’investissement et à l’effort fourni. Et je remarque que les artistes, en particulier les chorégraphes, ne sont pas assez responsabilisés dans le paysage français. Je revendique pour les artistes une place dans les institutions, si ce n’est à la direction, au moins comme conseiller artistique.

« Je revendique pour les artistes une place dans les institutions. »

Que signifie d’inscrire un lieu dédié à la danse contemporaine au coeur de la cité ?
M.M. :
Cette relation me semble vitale et demande un important travail de terrain. Nous avons mis en place différentes actions pour donner à voir les répétitions et faire comprendre ce qui se fait dans nos murs, pour simplifier l’idée que les gens se font de la création, pour la rendre lisible, pour donner accès à l’histoire de la danse et aux œuvres. Des élèves et d’autres personnes viennent, régulièrement. Ces échanges permettent d’inscrire la danse et la création dans leur vie.

Le CCN de Montpellier propose des rendez-vous atypiques, tels que ]domaines[, qui déclinent les influences et affinités d’un artiste. Est-ce une nécessité que de pouvoir soustraire la création au format imposé par le système de production et diffusion ?
M.M. :
Ce sont les artistes qui ont induit cette nécessité en changeant la forme même des oeuvres, en introduisant de l’interactivité dans le processus de création. Certains artistes montrent très tôt leurs travaux et échangent autour des répétitions avec des spectateurs. Ce fut le cas avec Jérôme Bel pour The show must go on par exemple. Les œuvres sont peut-être aujourd’hui plus sensibles aux liens avec le public et moins envisagées comme des objets à regarder. Mon travail personnel reste assez expérimental. Chaque pièce est une recherche nouvelle, je n’essaie pas d’imposer un style, mais d’évoluer, d’être très sensible au temps présent.

Pourquoi avez-vous mis en place la formation E.X.ERCE et comment s’inscrit-elle dans le projet du CCN ?
M. M. :
Elle permet de ne pas séparer la formation des enjeux de la création et plonge les étudiants dans le milieu artistique. L’échange fonctionne dans les deux sens car j’observe aussi tout le temps une autre génération. Nous dialoguons en permanence. C’est le cœur du CCN.

Propos recueillis par Gwénola David

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