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Visages de la danse 2019

Tropismes d’Olivier Dubois

Tropismes d’Olivier Dubois - Critique sortie Danse Paris Le Centquatre
Olivier Dubois Crédit : Frédéric Lovino

Le Centquatre / Festival Séquence Danse / chor. Olivier Dubois
Entretien / Olivier Dubois

Publié le 24 février 2019

Après Les Mémoires d’un seigneur et 7 x Rien, Olivier Dubois crée Tropismes, troisième volet du projet qu’il mène autour de La divine comédie.

En quoi cette nouvelle pièce fait-elle référence à La Divine Comédie ?

O.D. : La question de La Divine Comédie est celle d’un ailleurs, d’une traversée face au démon, face au divin, à la grâce. Il ne s’agit pas de traverser un enfer ou un paradis parce que, selon moi, tout est un. Si je vous emmène à un concert, cela peut être mon paradis et votre enfer. Ces notions personnelles, très intimes, ne sont pas dictées par des lois. Pour Tropismes, nous sommes à un endroit qui est de l’ordre de la survie, ou plus exactement de la « sur-vie », qui pourrait ressembler à une fête, c’est-à-dire un espace suspendu dans nos vies contemporaines. Ce que jadis on appelait transe, rituel ou tarentelle, et qu’on appelle aujourd’hui fête.

« Pour Tropismes, nous sommes à un endroit qui est de l’ordre de la survie, ou plus exactement de la « sur-vie ». »

Olivier Dubois

Et son titre, Tropismes ?

O.D. : Tropismes ne fait pas référence au livre de Nathalie Sarraute mais au phénomène biologique qui fait, par exemple, que les tournesols se déplacent vers le soleil, pour leur survie. Ils vont là où la sève va s’éveiller, là où ils vont pouvoir se déployer. Tropismes est une pièce extrêmement géométrique. Les interprètes sont placés dans différentes configurations comme on poserait des pierres dans un rite animiste, comme pour tendre vers un possible soleil, pour échapper à la nuit. Quand je parle de nuit je parle évidemment d’anéantissement, d’aveuglement, de perte, mais aussi de la lune, qui n’est que l’autre du soleil.

Avez-vous travaillé pour la chorégraphie à partir d’un seul geste ?

O.D. : Oui, la base de départ est un bras qui se replie, que nous travaillons de manière évolutive. Il peut avoir plusieurs sens, on peut parler de solidarité, d’effort, être fraternel ou très irrévérencieux et même agressif. Mais il y a aussi un autre mouvement, une sorte de swing qui est là du début à la fin et qui, lui, ne bougera jamais. Il peut faire un peu traîne-savate, ou loubard, ou clubbeur, il a plein de couleurs selon ce qui se passe sur le plateau, selon l’ambiance musicale. François Caffenne, qui écrit la musique de mes spectacles, sera d’ailleurs cette fois sur le plateau, comme une sorte de DJ. Nous avons travaillé à partir des sons émis par les planètes, enregistrés par la NASA, et des pulsations particulières du rock, du twist, de l’électro, du funk.

Quelle est l’énergie de cette pièce ?

O.D. : Elle est proche de celle de Révolution. Nous sommes dans l’endurance, avec une partition redoutable qui demande une énorme concentration. Tout est précisément écrit. J’aime les interprètes glorieux, j’aime révéler leur potentiel, leur pouvoir. Pour cela, une fois la partition pleinement mémorisée, il faut opérer une sorte de métamorphose, traverser des turbulences pour que cet être universel que l’on a tous en nous surgisse.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Tropismes d’Olivier Dubois
du vendredi 29 mars 2019 au lundi 1 avril 2019
Le Centquatre
5 rue Curial, 75019 Paris

à 21h. Tél. 01 53 35 50 00. Durée : 2h15. Dans le cadre du festival Séquence danse Paris.

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