Ay-Roop, la passion du cirque
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Le Cirque contemporain en France
Créée en 2004, l’association Territoires de cirque rassemble trente structures de production et de diffusion. Avec son président, Frédéric Durnerin, retour sur l’histoire, l’action et les projets d’une association engagée dans la défense du cirque contemporain.
Comment est née l’idée de Territoires de cirque ?
Frédéric Durnerin : Les années 2001-2002, années des arts du cirque, ont lancé le mouvement. A cette époque, onze pôles, devenus ensuite pôles nationaux des arts du cirque, se sont réunis de manière informelle. Mais dès 2004, l’association s’est créée et s’est ouverte à d’autres car nous ne voulions pas que le cirque ne se fasse qu’avec des institutions. Territoires de cirque regroupe aujourd’hui trente-trois lieux.
Quelles missions se fixe l’association ?
F.D. : Nous soutenons la production et la diffusion de formes contemporaines de cirque. Mais pour cela, nous sommes un interlocuteur important dans l’échange institutionnel entre l’Etat et les collectivités. Nous nous efforçons de jouer le rôle d’une articulation entre une parole publique instituée et d’autres lieux sur les territoires. Cela permet d’ouvrir les fenêtres et d’éviter une parole corporatiste qui ne se nourrirait que d’elle-même.
Pour quels résultats ?
F.D. : Je crois que nous avons participé à porter haut la scène circassienne mais aussi des idées démocratiques de partenariat entre des structures très différentes. Territoires de cirque discute avec des scènes nationales, des scènes départementales, des associations, des festivals… Cet ensemble hétéroclite fonde notre identité politique et a permis par exemple au collectif AOC de jouer trente fois rien qu’en Aquitaine.
En dix ans, qu’est-ce qui a changé dans le monde du cirque ?
F.D. : La scène circassienne a beaucoup évolué. De jeunes équipes prennent le plateau de façon magistrale et proposent des formes décalées et diversifiées. Je pense par exemple à Mathurin Bolze, Mosjoukine, le GdRA, etc. Et pendant ce temps, les figures tutélaires du cirque contemporain restent importantes, Johann le Guillerm a été programmé deux fois à Avignon. La décennie artistique est donc extraordinairement fertile. Il se passe sans cesse quelque chose. Après ces années de structuration et de légitimation, avec une diffusion en nette hausse, il faut maintenant que le mouvement se poursuive.
Quels sont les enjeux qui se posent dans cette perspective ?
F.D. : Le secteur n’échappe pas à la crise qui touche l’ensemble du spectacle vivant. Dans ce contexte politique où le volontarisme de l’institution se fait vacillant, quatre enjeux émergent. Premièrement, il faut accentuer l’accompagnement des artistes de cirque, en augmentant le nombre de compagnies conventionnées et en adaptant ces conventionnements aux formes spécifiques du cirque. Deuxièmement, il faut maintenir ces compétences croisées des différentes institutions, qui conduisent bien sûr à croiser les financements. Troisièmement, il faut poursuivre l’effort en faveur des lieux qui produisent. Enfin, la question du chapiteau se pose de manière aiguë. Les compagnies qui se produisent sans chapiteau arrivent aujourd’hui à s’en sortir, mais les autres ont des problèmes. Or, le chapiteau rallie et crée de l’empathie pour le cirque dans les territoires. Cette question, malheureusement, ne se règlera pas en deux ans.
Propos recueillis par Eric Demey