Propos recueillis Jean-Yves Ruf : apprendre des choses comme en les volant

« Josyane Horville s’adressait à des gens qui avait déjà éprouvé la mise en
scène et avait l’expérience du plateau. Sur deux ans et en trois stages de trois
semaines, j’ai été marqué à vie : par Régy, par Lupa et par un stage de
formation technique au TNS. J’avais déjà fait deux mises en scène et je savais
ce que je cherchais sur un plateau. Je ne cherchais pas à m’imbiber mais à me
confronter. Le but n?était pas de devenir l’avatar des maîtres mais d’apprendre
des choses comme en les volant. Tout dépend des gens : rencontrer un maître peut
briser ou permettre de trouver sa liberté. Pour moi, ça a été le moyen
d’affirmer un geste plus avoué en rapport avec ma propre intuition de la mise en
scène. Je crois qu’il faut une formation à la mise en scène. On ne peut pas
donner l’intuition et le talent mais on peut donner des outils, permettre des
rencontres, apprendre ce que sont des contraintes techniques et permettre que
les premiers travaux soient vus. Il est évident que le metteur en scène est seul
et qu’il doit apprendre à être indépendant mais la connaissance de ce qui
l’entoure est indispensable. Il est évident aussi qu’entre le fantasme de
devenir metteur en scène et la réalité, il y a des choses qui ne s’apprennent
pas. Néanmoins, je trouve extrêmement dommage que cette expérience n?ait pas
mieux perduré et n?ait pas été mieux soutenue. »

Propos recueillis par Catherine Robert