La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

« Ecouter, recevoir, réagir. »

« Ecouter, recevoir, réagir. » - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

Un charme acidulé, une grâce ingénue, délicieusement comique ou sauvageonne,
parfois grave : Océane Mozas brille d’un éclat singulier sur la scène française.
Révélée par Joël Jouanneau, elle a su affirmer sa personnalité en jouant avec
Jacques Lassalle, Jacques Nichet ou Laurent Laffargue.

Vous avez fait le CNR de Bordeaux puis l’Ensatt, avant de réussir le concours
du Conservatoire national. Qu?avez-vous appris dans ces écoles ?

Les bases du jeu et la discipline : écouter, recevoir, réagir. Ma formation
m’a aussi guidé jusqu’à moi-même, d’une certaine façon. J’ai découvert ma
liberté. J’étais un bloc de peur et de pudeur avant. Jean-Pierre Bouvier,
formidable pédagogue, m’a révélé à moi-même en m’aidant à briser ma carapace et
à me trouver. Avec la technique, j’ai appris à me centrer, à me situer au bon
endroit avec le personnage. J’avais tendance par exemple à chanter les phrases
ou à les charger de lyrisme. Les élèves que l’on côtoie sont également très
importants. Certaines classes produisent une émulation très stimulante, très
enrichissante. La formation idéale, ça peut être le groupe idéal !

Vous n?avez cependant pas suivi les cours du Conservatoire national.

En fait, j’avais passé le concours par crainte d’affronter la scène et le
marché du travail. Joël Jouanneau, qui était membre du jury, m’a appelé chez moi
pour me proposer des rôles. Du coup, j’ai pris une année, puis deux, puis j’ai
laissé ma place, car j’avais pris mon envol.

« Ma formation m’a aussi guidé jusqu’à moi-même, d’une certaine façon. J’ai
découvert ma liberté. J’étais un bloc de peur et de pudeur avant. »

Que ne vous a pas appris l’école ?

A affronter le danger du plateau, l’éphémère et l’imprévu de la
représentation?. Ce qu’apporte l’expérience. J’ai eu la chance de jouer dès le
début avec de grands acteurs, généreux et bienveillants, qui m’ont tiré vers le
haut. J’ai appris en travaillant avec eux ou parfois simplement en les
regardant, comment, chaque soir, le jeu se réinvente, comment la concentration
et le travail soutiennent l’interprétation. Seule la pratique permet de
capitaliser cet apprentissage au jour le jour.

Que vous ont apporté les metteurs en scène dans votre apprentissage ?

La confiance, le sentiment d’une certaine légitimité. Un acteur a besoin de
se sentir aimé. C’est comme ça. Joël Jouanneau m’a d’emblée confié des rôles
importants tout en me laissant beaucoup d’autonomie. Jacques Lassalle au
contraire, avec qui j’ai travaillé juste après, dirigeait à l’intonation près,
comme pour une partition musicale. Il pouvait se montrer tyrannique, faisant
recommencer une entrée plus de 40 fois. Pourtant, en dépit des répétitions assez
traumatisantes, on peut trouver sa liberté dans ce carcan très serré. Au fil des
expériences, on capitalise et on apprend à s’adapter sans cesse à la vision du
metteur en scène tout en créant son propre espace.

 

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le spectacle vivant

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le spectacle vivant