Belles places de Léo Lérus
Avec le nouveau spectacle de la compagnie [...]
Installation, danse, cirque se combinent dans Notre Forêt, composant une œuvre puissante. En puisant aux racines des mythes, Justine Berthillot interroge notre rapport au vivant.
Le point d’origine de Notre Forêt serait peut-être à rechercher du côté d’une écologie du sensible, de l’intuition d’une nécessaire réconciliation des humains avec le reste de la biosphère. Mais ce n’est pas une fable écologiste qu’en tire Justine Berthillot : c’est une œuvre qui cueille les membres du public totalement, une œuvre qui a le souffle du sacré. L’artiste circassienne met son corps en jeu, un corps d’abord insolite, recouvert d’un tailleur-pantalon rose vif, la veste à l’envers et le visage dissimulé par ses cheveux, un corps qui se présente avec une inquiétante étrangeté. C’est dans ce corps que l’artiste va puiser son devenir-sauvage, au fur et à mesure qu’elle se dépouille des oripeaux de la civilisation. L’acro-danse, d’abord gracieuse, se charge alors d’une puissance férale. C’est beau et intense.
Une œuvre mystique et bouleversante
Les mouvements, mi-humains mi-bestiaux, sont en accord avec la proposition. La dualité culture-nature, transcendée dans la danse, se retrouve dans la scénographie-installation signée par Maëva Longvert : une forêt d’arbres en plastique vert dont les lianes artificielles ont envahi l’espace, signe du recul du vivant. Cette même dualité se retrouve dans le récit livré au casque : l’enregistrement comporte des sons de la forêt, mais aussi des témoignages sonores, enregistrés par Félix Blume en Amazonie. En même temps que les voix expliquent la légende de la Curupira, créature hybride, gardienne de la forêt, un récit parallèle se déploie avec l’irruption de bruits de scies. La Curupira, incarnée devant nous, est aussi dans notre oreille. Au bout de 30 minutes, quand on repose le casque, secoué par la fin du récit, on sent qu’on a été traversé par un cri de détresse. Notre Forêt est une œuvre qui transforme, au moins un temps, le regard sur le vivant.
Mathieu Dochtermann
à 19h30 et à 21h30. Tél : 01 60 34 53 60.
Également du 27 février au 3 mars au Sirque, Pôle national cirque de Nexon, les 7, 8 et 10 mars aux Scènes du Jura, scène nationale de Lons-le-Saunier, les 18 et 19 mars aux Quinconces-L’Espal, scène nationale du Mans, le 13 mai à L’Orange Bleue, Eaubonne, en mai au festival Théâtre en mai, TDB CDN de Dijon, et au festival Cluny Danse, Cluny. Spectacle vu dans le cadre du festival TempsDanse #6 de la coopérative 2r2c.
Avec le nouveau spectacle de la compagnie [...]