La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La danse dans tous ses états

Métissage de styles

Métissage de styles - Critique sortie Danse Paris Théâtre des Abbesses
Amala Dianor Crédit : Valérie Frossard

La danse, une dynamique conjuguant identités et métissages
Entretien Amala Dianor

Publié le 23 février 2018

Magnifique danseur, Amala Dianor a monté sa compagnie en 2012 et chorégraphié une dizaine de pièces remarquées. Son écriture métisse les styles africain, hip-hop et contemporain.

Votre écriture est un métissage de plusieurs styles. Quelle en est l’origine ?

A.D. : Cela vient de mon parcours de vie. Je suis né au Sénégal où les percussions, la danse, le sabar sont présents au quotidien. Petit je voyais toujours de la danse, je l’exerçais avec mes amis. Lorsque je suis arrivé en France au début des années 1980, le courant hip-hop naissait. On pratiquait entre copains à l’école, puis plus tard dans les MJC. Ensuite j’ai ressenti une certaine lassitude, j’ai eu envie de découvrir la danse ailleurs et différemment. Habitant Angers, j’ai intégré le CNDC. En sortant de cette formation, j’ai traversé de nombreuses esthétiques en étant l’interprète de chorégraphes contemporains.

« Ce que je donne à voir avant tout, c’est le danseur, l’individu. »

Amala Dianor

Pour votre solo Man Rec, vous disiez vouloir jouer sur la nature complexe de l’individu, ses origines multiples.

A.D. : Ce solo est arrivé à un moment particulier. À l’époque, je disais à tout le monde que j’essayais de créer un mouvement hybride, que je faisais une recherche dans l’énergie des danses hip-hop et contemporaine. La meilleure manière de l’exprimer était de faire un solo. J’ai voulu y être sincère, authentique, je m’y suis montré tel que je suis à travers les différents styles de danse que j’avais traversés.

Dans Quelque part au milieu de l’infini vous partagez la scène avec deux autres danseurs-chorégraphes.

A.D. : Pour Quelque part au milieu de l’infini, j’ai en effet souhaité inviter d’autres chorégraphes, ayant une approche différente de la mienne. Il y a Souleyman Ladji Koné, un danseur burkinabé, et Saïdo Lehlouh de la compagnie Black Sheep. Ce dernier est parfois remplacé par Pansun Kim, qui est une star en Corée. Avec cette pièce, je voulais que trois personnes prennent le temps de la rencontre. Grâce à un processus de marche, de danse, de confrontation et d’épuisement, nous nous détachons de nos carcasses fatiguées et parvenons à nous rencontrer ailleurs et autrement. Même si ce n’est pas le propos central, il est important de montrer que, venant d’Asie, d’Afrique ou d’Europe, on se complète dans la diversité.

Pouvez-vous nous parler de vos prochaines créations, Une et The Forgiven Stardust ?

A.D. : Pour Une, j’avais invité Marion Alzieu et Sandrine Lescourant. Mon idée était de montrer leur ressemblance dans les énergies qu’elles proposent, malgré leurs différences physique et technique. Sandrine n’a finalement pas pu s’engager sur ce projet et c’est Sarah Cerneaux qui la remplace. C’est une danseuse contemporaine qui dégage une énergie telle qu’elle me fait beaucoup penser au hip-hop. Marion et Sarah sont deux personnes très douces, très calmes, mais de vraies bêtes de scène. Quant à The Forgiven Stardust, c’est un gros projet qui nécessite pour moi un long temps de préparation, de maturation. La création est prévue en 2019. Ce sera une pièce qui mêlera une majorité de danseurs classiques à des danseurs contemporains. Je serai également sur scène. Dans la danse classique, il y a de magnifiques virtuoses, mais, bien souvent, ils sont au service d’un thème, d’une narration. L’interprète s’efface au profit du rôle. Or ce que je donne à voir avant tout, c’est le danseur, l’individu. Mon projet est de montrer la technique classique dansée avec un rythme qui se rapproche de celui du hip-hop, ou des rythmes africains, qui sait ? Mais aussi d’amener ces danseurs sur un terrain plus fragile, où ils seront moins virtuoses mais plus humains.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

"Quelque part au milieu de l'infini" et "New School"
du mardi 13 mars 2018 au samedi 17 mars 2018
Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses, 75018 Paris

à 20h30. Tél. 01 42 74 22 77. Durée : 1h15. Dans le cadre de la programmation du Théâtre de la Ville et de Séquence danse Paris.

Également Quelque part au milieu de l'infini, le 20 mars à l'Espace 1789, Saint-Ouen, le 23 mars au Théâtre du Beauvaisis, le 29 mars au Théâtre du Chevalet, Noyon, le 3 avril au Théâtre des sept collines, Tulle, le 11 avril au CNDC, Angers, le 14 avril à la Faïencerie, Creil, le 19 avril au Théâtre des 3 chênes, Loiron.

De(s)génération : les 10 et 11 mars au Théâtre d'Angoulême, le 30 mars à l'Espace 93, Clichy, le 31 mars à La Mégisserie, Saint-Julien.

Une : les 24 et 25 mars au Centquatre, dans le cadre de Séquence danse Paris.

Man Rec : le 7 avril à Cormeille en Parisis.

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