La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La danse dans tous ses états

Galerie de portraits

Galerie de portraits - Critique sortie Danse ! POC !
Crédit : Philippe Savoir

La danse, une dynamique conjuguant identités et métissages
Entretien Mickaël Phelippeau

Publié le 23 février 2018

Depuis bientôt quinze ans, Mickaël Phelippeau va à la rencontre des gens et dessine les portraits intimes et sensibles de vies ordinaires et extraordinaires.

Dans vos créations, vous mettez toujours l’identité et l’humain au centre, d’où vient cette démarche ?

M.P. : En 2003, alors que je venais d’achever la formation ex.e.r.ce et que j’étais un jeune interprète intermittent, on m’a passé commande pour une revue. Des artistes de champs variés étaient invités à interroger leur pratique. J’ai décidé de questionner, non pas mon métier de chorégraphe qui était encore vert, mais celui d’interprète. J’ai inventé quelque chose de très simple, des bi-portraits photographiques. J’allais vers des gens pour leur demander en quoi ils se sentaient interprètes de leur propre métier et nous échangions nos tenues. Je prêtais toujours la même chemise jaune, et ces personnes me prêtaient en retour leurs vêtements. Très rapidement, la question de l’interprète s’est un peu déplacée. Je me suis rendu compte que sous couvert de ces portraits je faisais des rencontres formidables. J’ai poursuivi cette démarche, avec au début uniquement des portraits photographiques. Cela m’intéressait d’utiliser un autre médium pour porter un regard sur la danse.

« Je rencontre des gens qui ont des parcours incroyables, cela me nourrit, à titre professionnel mais aussi personnel. »

Mickaël Phelippeau

Comment ces bi-portraits photographiques se sont-ils transformés en bi-portraits chorégraphiques ?

M.P. : Encore à l’occasion d’une commande. Le TNT de Bordeaux m’avait demandé de faire des bi-portraits avec les gens de leur voisinage, mais également de travailler sur une forme performative. C’est ainsi que j’ai rencontré Jean-Yves, le curé de Bègles, avec qui j’ai décidé de faire le premier bi-portrait chorégraphique. Après notre première semaine en studio, nous faisions une ouverture publique et j’étais inquiet. Je me demandais qui allait être intéressé par la rencontre entre un curé et un danseur. Lorsque j’ai entendu combien ça touchait les gens, j’ai compris la valeur de cette parole portée sur un plateau, de ce « je » émanant de quelqu’un qui n’est pas nécessairement danseur professionnel. Cela m’anime encore aujourd’hui : parler de ce qui nous est le plus proche, du rapport à notre éducation, à la société, mais à partir de choses très simples, très petites. À la suite de cette démarche, j’ai créé beaucoup d’autres duos dont un tout dernièrement pour les Sujets à vif du Festival d’Avignon, Membre fantôme avec Erwan Keravec. Ce qui me passionne est que le point de départ est souvent le même, alors que les pièces, bien qu’ayant une esthétique commune, sont toujours très différentes, à l’image des personnes que j’invite. Je rencontre des gens qui ont des parcours incroyables, cela me nourrit, à titre professionnel mais aussi personnel.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

M.P. : Je travaille sur une forme un peu nouvelle. Jusqu’ici j’ai réalisé les bi-portraits dont nous avons parlé, des portraits de groupe comme Chorus ou Les footballeuses, des portraits individuels. Le premier, celui d’Ethan, est important pour moi car il est le plus révélateur de ce qu’est l’art vivant dans mon parcours. Il m’a donné la chance de voir grandir ce jeune homme extrêmement touchant, entre ses 14 et ses 18 ans. En revanche, je n’ai encore jamais réalisé de portraits croisés sans y être interprète. Ce sera bientôt chose faite avec deux très beaux danseurs burkinabés, rencontrés en donnant un atelier auquel participaient des élèves sortant de l’école Irène Tassembédo. Nous sommes en train de construire une pièce que l’on créera en octobre prochain. Et puis Béatrice Massin m’a proposé de porter un regard sur la danse baroque en réalisant pour sa compagnie, Fêtes Galantes, un portrait de Lou, une magnifique interprète qui est aussi sa fille.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

"Lou" pour la Compagnie Fêtes Galantes et "Prétexte" de Béatrice Massin
du mercredi 7 mars 2018 au mercredi 7 mars 2018
! POC !
Parvis des Arts, 94140 Alfortville

Le 7 mars à 20h30.

Tél. 01 58 73 29 18. Durée : 1h10.

Également, le 9 mars au Théâtre Paul Éluard, Bezons.

Membre fantôme : du 22 au 25 mars au Monfort Théâtre, Paris, les 13 et 14 avril à la Scène Nationale d'Orléans.

Avec Anastasia : le 6 mars à l'Imagiscène, Centre culturel de Terrasson, le 8 mars à l'Espace culturel de Nantheuil, le 9 mars à l'Espace culturel d'Eymet, le 24 mars à l'Avant scène, Cognac.

Footballeuses : le 12 mai au Théâtre Brétigny, le 19 mai au Festival l'Entorse, Lille.

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