La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

L’imaginaire du comédien : « une interface entre le plateau et le monde réel ».

L’imaginaire du comédien : « une interface entre le plateau et le monde
réel ». - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

Directeur du Théâtre National de Strasbourg (TNS) et de son Ecole Supérieure
d’Art Dramatique, Stéphane Braunschweig défend l’idée d’un cursus théâtral
permettant aux élèves d’envisager une pensée globale du théâtre.


Quelle est la spécificité de la politique pédagogique de l’école du TNS ?

Stéphane Braunschweig : D’abord, il faut savoir que notre école est un
lieu de mélange et de complémentarité qui fait se côtoyer des élèves à qui l’on
apprend des disciplines différentes. Je crois que c’est là l’une des principales
caractéristiques de notre enseignement. Car cette proximité permanente de futurs
acteurs, metteurs en scène, dramaturges, régisseurs, scénographes, permet à
chacun d’entre eux d’envisager le théâtre de façon globale, à travers toutes ses
composantes, chose qui me paraît fondamentale. D’autre part, en tant que
directeur de cette école, je défends l’idée d’un théâtre fondé sur le texte. Le
texte, c’est ce qui nous réunit tous, ici. Une fois sortis de l’école, chacun se
dirige où il le souhaite, mais au sein de notre cursus, les auteurs, les pièces,
la dramaturgie, sont des éléments très importants.

« Souvent, je dis aux acteurs qu’ils ne doivent pas s’enfermer dans le
théâtre. »

En dehors des bases techniques, quelles notions est-il, selon vous,
fondamental d’inculquer à vos élèves ?

S. B. : Je crois qu’il est essentiel de leur apprendre à faire
fonctionner leur imaginaire par rapport aux textes qu’ils investissent. Cet
imaginaire que le comédien doit déployer, nourrir et sans cesse réinterroger,
est finalement comme une interface entre le plateau et le monde réel. Souvent,
je dis aux acteurs qu’ils ne doivent pas s’enfermer dans le théâtre, dans ce qui
peut apparaître tout d’abord comme brillant, mais qui ne renvoie à rien d’autre
que l’art dramatique. Car alors, ce que l’on fait devient beaucoup trop
narcissique. Or il faut, au contraire, que ce qui nous est personnel, ce qui
nous concerne au plus intime, serve à ouvrir sur le monde extérieur afin de
toujours laisser une place, une porte d’entrée, au public.

Quel regard portez-vous sur la multiplication des écoles de théâtre en
France ?

S. B. : Je trouve important qu’il y ait des écoles supérieures de théâtre
dans toutes les parties du territoire. Je me réjouis donc de la création
d’écoles liées à des Centres dramatiques nationaux comme, par exemple, le
Théâtre du Nord, à Lille. Au-delà de cela, en ce qui concerne les petits cours
privés, il y en a tellement de bons mais aussi de mauvais qu’il est impossible
de se prononcer à leur sujet de manière générale. De toute façon, quoi qu’on
puisse en dire, je crois qu’ils ont pour principale fonction de préparer aux
concours des grandes écoles institutionnelles. On peut évidemment s’interroger
sur les raisons qui poussent autant de jeunes gens à vouloir entrer dans des
écoles d’art dramatique. Mon expérience m’a fait prendre conscience qu’il
s’agissait souvent davantage, de leur part, d’un désir de jouer, de se faire
plaisir, que d’un réel désir de théâtre.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

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