Apprendre dans un projet collectif

Publié le 10 mars 2011

La liste de ses anciens élèves ressemble au générique d’une cérémonie des
Molières… L’ancienne fameuse « Rue blanche », devenue Ensatt (Ecole supérieure
des arts et techniques du théâtre), installée à Lyon depuis 1997, dirigée par
Gérard Schembri, forme à tous les métiers du spectacle : jeu d’acteur, lumières,
son, costumes, scénographie et même administration. Avec environ 175 étudiants
chaque année, l’Ensatt se veut une véritable « fabrique de théâtre ».

Qu?apporte cette pluridisciplinarité à votre projet pédagogique ?

Une dimension essentielle. Si les étudiants sont recrutés sur des concours
spécifiques à chaque domaine, ils vont ensuite apprendre par une pédagogie
active du projet collectif, parfaitement représentatif de la réalité
professionnelle. Le théâtre est en effet fondamentalement un projet collectif
qui implique plusieurs compétences et métiers.

Quels sont les axes du projet pédagogique ?

Ils sont bâtis sur les enseignements pratiques et la réalisation d’un projet
théâtral, dans tous les métiers. Si l’acquisition des compétences techniques
constitue un pan important de la formation, elle ne prend sens que dans une
finalité artistique. L’école a pour mission de former des artistes et des cadres
du spectacle. Elle se revendique « fabrique du théâtre ». Pour la scénographie,
l’apprentissage passe par exemple par la conception d’un projet de décors pour
une pièce : durant un semestre, l’élève travaillera avec un metteur en scène
invité, qui définira ses intentions dramaturgiques, et devra élaborer une
maquette, en fonction de ces orientations et en binôme avec un élève
éclairagiste. La compréhension de la parole artistique, le décryptage des enjeux
de l’?uvre et de la vision du metteur en scène sont capitaux dans ces métiers. A
cet égard, l’Ensatt a noué des liens étroits avec l’université de Lyon, à
l’instar de beaucoup d’écoles de théâtre en Europe qui sont situées dans les
campus. Cette proximité permet aux élèves de développer des connaissances
culturelles, des réflexions et des outils d’analyse théoriques dramaturgique et
esthétique.

« Les étudiants vont apprendre par une pédagogie active du projet collectif,
parfaitement représentatif de la réalité professionnelle. »

L’entrée sur le marché du travail constitue souvent une étape difficile pour
les jeunes diplômés. Comment facilitez-vous l’insertion professionnelle ?

Les difficultés concernent principalement les acteurs et les scénographes,
bien qu’ils trouvent facilement des emplois d’assistant ou dans des bureaux
d’étude. En 2000, nous avons mis en place un important programme, avec le
concours du Ministère de l’Education Nationale et du Conseil Régional
Rhône-Alpes. Ce dispositif permet d’aider financièrement et logistiquement des
projets réalisés par les étudiants durant trois ans après la fin de leur cursus,
ou de participer financièrement à des productions qui les emploient. Par
ailleurs, l’Ensatt organise des soirées où elle convie des directeurs de casting
et des agents, notamment lors des spectacles réalisés avec des metteurs en scène
invités. Toutes ces actions visent à faciliter la rencontre avec les futurs
employeurs et permettent souvent aux jeunes diplômés de lancer leur carrière
professionnelle.

Entretien réalisé par Gwénola David