La musique contemporaine dans tous ses états
Les visions d’Art Zoyd
Art Zoyd apparaît dans notre paysage musical comme un pionnier de la rencontre de la création musicale contemporaine avec d’autres formes ou outils artistiques : électronique, vidéo, danse, cinéma, etc.
« Je travaille sur des espaces fictifs, très loin de l’instrumental des débuts. »
Que reste-t-il du projet de départ d’Art Zoyd, fondé en 1969 ? Que n’aviez-vous pas imaginé au départ qui s’est imposé depuis?
Gérard Hourbette : Au début, en 75, il n’y avait qu’une idée, une seule : composer une musique très structurée, une sorte de musique de chambre électrique, fabriquée de symphonies amplifiées, sans batterie. À ce moment-là, il n’était pas question d’électronique ni de synthétiseur, et encore moins de samplers… La révélation eut lieu en 1988 lors de Nosferatu : plus d’une heure de musique quasiment entièrement sur samplers : une sorte d’orchestre imaginaire complété par quelques instruments acoustiques… Depuis, c’est devenu la norme ; à cela se sont ajoutés les outils de studios qui font qu’aujourd’hui, je travaille sur des espaces fictifs, très loin de l’instrumental des débuts…
Quels sont le sens et l’intérêt artistique de l’expérience de la confrontation entre création visuelle et création musicale?
Gérard Hourbette : Le jour où nous nous sommes aperçus que la musique associée à un autre art prenait une toute autre dimension a été une révélation. Depuis, nous n’avons cessé de réinterroger le concert, la place des musiciens et de la musique au sein de la scène. J’ai eu cette révélation il y a très longtemps, en écoutant le concerto pour violoncelle de Ligeti en public. Je n’entendais que le grincement des sièges, les toux, la respiration de mes voisins… et les paysages magnifiques que m’apportait cette musique chez moi avaient disparu, et sa magie aussi. N’est-ce pas une bonne question que de se demander pourquoi cette disparition ?
Comment voyez-vous l’avenir d’Art Zoyd?
Gérard Hourbette : Aujourd’hui, après plus de quarante ans, Art Zoyd est un ensemble toujours, mais aussi un centre de création musicale, un lieu de pédagogies multiples. Je sens bien la fragilité des édifices, et j’ai demandé à ce que notre centre de résidences soit labellisé et pérennisé dans le temps…
Propos recueillis par Jean Lukas.