La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

SHALL WE DANCE?

L’engagement extrême de l’interprète au plateau 

L’engagement extrême de l’interprète au plateau  - Critique sortie Danse
Crédit : Elisabeth Lévy Lehmann Légende : Nacera Belaza ou la nécessité du vide.

Propos recueillis Nacera Belaza
Danse et politique

Publié le 27 février 2016

D’un questionnement philosophique à un positionnement politique, la chorégraphe cherche les zones extrêmes à l’intérieur de l’humain.

« La danse est politique, c’est évident, dans le sens où elle témoigne du positionnement d’un être, de la parole dont il est porteur, et d’un rapport au monde. Les questions que je pose aux corps et à l’être qui est en face de moi, ce sont des questions philosophiques. Elles ne sont pas politiques dans un sens immédiat qui impliquerait le traitement d’une forme d’actualité : la danse ne traduit pas aussi directement la réalité, elle absorbe la réalité et ses événements, elle les transpose sur un autre plan. Ma danse donne un point de vue sur l’imaginaire, dans un positionnement de l’être qui induit un vide autour de lui, et en lui. Il y a un acte politique là-dessous, dans la façon dont je relie les êtres selon une forme particulière de dialogue. On n’est pas du tout sur le plateau pour délivrer un discours, on crée un espace commun, une conscience commune de ressenti, un endroit de l’universel qui est en chacun de nous et qui nous relie aux autres. Je ne regarde pas la réalité à l’endroit des fractures, de ce qui oppose ou divise. Face à tous les éléments qui ont composé ma vie, j’ai cherché les points de convergence, d’unité. Mon histoire, mon vécu, et la manière dont j’ai été amenée à danser ont fait que la danse devait répondre à des questions profondes, importantes, fondamentales, et cela ne pouvait en aucun cas être le lieu du divertissement.

La nécessité du vide

C’est peut-être ça qui transparaît et que l’on nomme radicalité, cet engagement extrême de l’interprète sur le plateau. Je ne pensais pas être radicale, mais finalement je me rends compte que l’art, quand il s’empare de questions aussi actives dans notre société, acquiert un aspect naturellement subversif. Dans le sens où il raconte, où il résiste, où il s’oppose, mais cela ne peut en aucun cas pour moi être un projet en soi. Je reste en permanence dans l’exploration d’espaces, de zones extrêmes à l’intérieur de soi, qui vont par conséquent chercher à résonner chez le spectateur, dans une sorte d’exhortation permanente. De nos jours, dans une société où le mot effort disparaît de tous les domaines, cela devient quelque chose d’extrêmement troublant, gênant. Il y a une sorte de surenchère d’images, d’informations, et une plus grande passivité de l’être humain, paradoxalement, comme s’il en était abreuvé, gavé… Pour moi, le vide est une nécessité, ce n’est pas un concept ou une image un peu esthétique, c’est une nécessité vitale de créer cet espace vide, de vider l’interprète pour arriver à vider le public, dans le sens d’un retour à quelque chose de plus essentiel en lui, en le délestant d’un certain nombre de choses. Comme si l’art devait avoir une fonction de rééquilibrer un petit peu ce qui se passe dans la société… »

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

La Nuit / La Traversée
du jeudi 7 avril 2016 au vendredi 24 juin 2016


La Nuit / La Traversée au Collectif 12 Mantes La Jolie. Le 7 avril 2016.

La Nuit au Collectif 12 à Mantes La Jolie. Le 8 avril 2016.

Le Cri au Prisme à Élancourt. Le 10 mai 2016.

Les Oiseaux / La Nuit au Centre National de la Danse à Pantin. Les 11, 12, 13 mai 2016.

Création Montpellier Danse 2016. Les 23 et 24 juin 2016.

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