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Le partenariat université et école de danse

Le partenariat université et école de danse - Critique sortie Danse
Légende : le campus Carlone (lettres, arts et sciences humaines) de l’université Nice Sophia Antipolis. © D. R.

Publié le 30 novembre 2011

Marina Nordera, professeur au sein de la section danse de l’université de Nice Sophia Antipolis, revient sur le partenariat qui lie cette formation universitaire et l’École Supérieure de Danse de Cannes Rosella Hightower (ESDC) : les modalités de ce rapprochement sont révélatrices des enjeux de la formation professionnelle des danseurs, et de la situation des universités aujourd’hui.

De quand datent les liens qui unissent la section danse de l’université de Nice et l’École Supérieure de Danse de Cannes ?
Marina Nordera :
Ils datent des origines de la section danse, au début des années 1980, bien avant mon arrivée… Rosella Hightower soutenait fortement l’idée d’un cursus universitaire consacré à la danse. Des échanges relativement informels se sont mis en place, notamment pour permettre aux étudiants de l’université de prendre des cours à l’ESDC. Notre section danse met en lien la théorie et la pratique : il ne s’agit certes pas de former techniquement de futurs danseurs, mais de concevoir la pratique comme un lieu d’expérience de la théorie, et la théorisation comme prenant son origine dans la pratique… Il est donc très intéressant et important pour nous d’imaginer des passerelles avec une école supérieure de danse. Une nouvelle réflexion commune s’est engagée lors de la mise en place, par le ministère de la culture, du Diplôme National Supérieur Professionnel (DNSP) de danseur. L’instauration de ce diplôme s’est accompagnée d’un rapprochement entre les écoles supérieures de danse et les universités : il est obligatoire pour les écoles de proposer aux élèves danseurs la possibilité d’obtenir une licence universitaire. L’école de Cannes et l’université de Nice ont commencé à penser ce nouveau partenariat il y a quatre ans.

« Nous souhaitons solliciter une coordination et une implication majeure des tutelles universitaires. »

Concrètement, quelle forme prend ce partenariat ?
M. N. :
Nous sommes liés par une convention. Les étudiants inscrits en DNSP peuvent suivre un parcours spécial que nous avons conçu pour eux (à condition que leur parcours de formation réponde à un certain nombre de critères). En se déplaçant à Nice une seule fois par semaine, ils suivent des cours qui leur permettront, en deux ans seulement, d’obtenir leur licence avec le DNSP. Huit d’entre eux, cette année, suivent ce parcours. Quant aux étudiants de l’université, ils se voient proposer une option qui leur permet de suivre des cours à l’ESDC, et de les faire éventuellement valider dans leur cursus universitaire. Cette option est un succès : en dépit du temps de transport entre Nice et Cannes, elle est choisie par une quarantaine de nos étudiants. Nous avons mis en place ce partenariat à moyens constants, en greffant le nouveau parcours sur des cours qui existaient déjà. L’ESDC parvient à organiser le transport de ses élèves jusqu’à Nice. D’autres écoles supérieures de danse ont affecté un budget à la création de cours universitaires délivrés dans leurs propres locaux, pour leurs étudiants.

Il n’y a donc pas de règles communes quant à ces rapprochements ?
M. N. :
Non : à l’heure de l’autonomie des universités, chacune est maîtresse de ses choix et de ses partenariats. Certaines universités proposent aux élèves d’écoles supérieures de danse de valider une licence avec très peu de cours et d’examens. Les modalités varient donc en fonction des projets de formation et des règles internes à chaque université, d’une part, et des moyens des écoles, d’autre part. Ces rapprochements impliquent beaucoup d’organisation supplémentaire et d’investissement de la part des universitaires. D’autant que les universités ont dû réagir individuellement à ces sollicitations, en l’absence – pour le moment – de directives du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous souhaitons, une fois que le dispositif aura fait ses premières preuves, solliciter une coordination et une implication majeure des tutelles universitaires.

Propos recueillis par Marie Chavanieux

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