La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Etat des lieux de la danse en France

Diplôme et formations alternatives

Diplôme et formations alternatives - Critique sortie Danse
© Juliette Butler / Emmanuelle Huynh, directrice du Centre national de danse contemporaine d’Angers.

Publié le 30 novembre 2011

La formation professionnelle du danseur repose sur un secteur très règlementé, organisé par le ministère de la Culture. Entre formation et formatage, le débat est rude : quelle place pour les formations alternatives ?

Depuis sa mise en place en 2007, le Diplôme National Supérieur Professionnel de Danseur est le sésame délivré par six écoles supérieures dans toute la France. Dans le même souci de valorisation de la formation et de la reconversion du danseur, il est, avec la réforme universitaire « LMD » (Licence, Master, Doctorat), couplé à l’obtention d’une licence. Ce cadre strict n’a cessé d’interroger la notion même de formation en danse. Comment transmettre la danse en l’absence de grands « maîtres » ? Faut-il un diplôme pour devenir danseur ? Le contenu de la formation doit-il répondre aux exigences du marché de l’emploi ? N’assiste-t-on pas à un formatage, une modélisation du corps ? Aujourd’hui à la tête du CCN de Rennes, Boris Charmatz, en grand agitateur, a activé une réflexion en 2003 sur la question de la formation du danseur lors de sa résidence au CND. Ainsi est né le projet Bocal, une école nomade et éphémère où quinze artistes se sont réunis, pendant un an, en opposition aux modèles dominants.

Recherche et échanges

Plus concrètement, certains Centres Chorégraphiques Nationaux arrivent, au cœur de l’institution, à faire bouger les cadres et à proposer des alternatives. C’est le cas au CCN de Montpellier, où la formation créée en 1998 est désormais liée à un master à l’université Paul Valéry : Ex.e.r.ce master études chorégraphiques : recherche et re-présentation se veut un temps de pratique, de rencontres et d’échanges avec des artistes et de mise en œuvre d’un projet personnel pour des étudiants d’au moins 22 ans. La formation dure deux ans, et requiert une expérience significative. Au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, où l’on délivre le Diplôme National Supérieur de Danseur, Emmanuelle Huynh a mis en place parallèlement la formation Essais, ciblée aussi vers les jeunes auteurs. Devenu Master spécialité danse, création et performance grâce à un partenariat avec l’Université Paris VIII et l’école supérieure des beaux-arts d’Angers, le cursus de deux ans se veut un lieu de fabrique en lien avec la pensée chorégraphique contemporaine. « C’est un atelier d’artistes, mais on ne demande pas aux étudiants d’être des « élèves de », « à la manière de ». C’est le projet de l’étudiant qui doit surgir », précise la chorégraphe. Dernier né des projets de formation : le diplôme universitaire Art, Danse et Performance. Initiée par Johanne Leighton au CCN de Belfort avec l’université de Franche-Comté et l’école régionale des beaux-arts de Besançon, cette formation ne s’adresse pas seulement aux danseurs, et constitue un espace de réflexion, de partage et de recherche dans les domaines de la danse et de l’art contemporain. Points communs de ces formations alternatives portées par les CCN : être à l’initiative de chorégraphes, mettre l’artiste au cœur du projet, et être reconnues par l’université. C’est à cet endroit peut-être que surgira le renouvellement des formes, à défaut du renouvellement des modèles de corps.

Nathalie Yokel

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur la Danse

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur la Danse