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Les formations artistiques

Le CFPTS : une formation de pointe adaptée à la demande

Le CFPTS : une formation de pointe adaptée à la demande - Critique sortie
© CFPTS / Le CFPTS dispose de matériel de pointe pour la régie son ou vidéo.

Publié le 10 octobre 2009

Une dizaine de jeunes élèves fabriquent de beaux croissants au beurre géants, dans une ambiance studieuse d’examen blanc. Six stagiaires préparent activement la scène d’un concert, sous l’oeil attentif d’un formateur. Quatre professionnels de la régie lumière s’exercent avec consoles et projecteurs ultra perfectionnés. Au fil d’un dédale d’escaliers et couloirs, d’autres salles, d’autres élèves et d’autres compétences se découvrent.
Ce jour-là, on compte environ une vingtaine de stages et 150 élèves au Centre de Formation Professionnelle aux Techniques du Spectacle de Bagnolet, le plus grand de ce type en Europe. Présentation par son directeur Patrick Ferrier.

Qu’est-ce que le CFTPS ?
Patrick Ferrier :
Toute la filière technique – son, lumière, plateau, accessoires, décor – est représentée  dans nos propositions de formation, mis à part le maquillage, le costume et la coiffure. 95 stages différents regroupent 1200 stagiaires par an pour la formation continue, qui répond à la demande. Nous avons été créés en 1973 au moment où les premières lois sur la formation continue apparaissaient en France, et alors qu’aucun organisme de formation n’existait encore pour nos métiers, exceptées quelques formations initiales avec l’Ensatt ou le TNS. Les partenaires sociaux qui avaient créé l’Afdas, notre organisme collecteur d’argent pour la formation professionnelle, ont créé le CFTPS.  Notre conseil d’administration est composé de membres de quasiment tous les syndicats d’employeurs et de salariés de la branche, ce qui nous permet d’être au plus proche des demandes de la profession. Nos stages ont été élaborés en fonction de la demande et des évolutions techniques. Depuis quelques années, on développe beaucoup le numérique, les nouvelles technologies. 

Tous les stages concernent donc le personnel technique…
P. F. :
Tous,  mis à part un stage en alternance destiné aux administrateurs du spectacle vivant. Il existe pléthore de formations universitaires, mais ce stage a été créé pour répondre à un besoin car les administrateurs de grands théâtres trouvaient que les jeunes  étudiants sortant de leurs masters n’avaient pas la pratique et la formation nécessaires pour administrer un théâtre. On a  donc créé un contrat de professionnalisation, avec contrat  dans une entreprise et formation ici avec des administrateurs réputés. Ces jeunes étudiants sortent de masters, et parviennent pour 90% d’entre eux après une formation  d’un an environ à intégrer la profession.

« Le CFPTS garantit un savoir technique, et en deux ans, les jeunes se sontcréés un réseau professionnel. » Patrick Ferrier

Quelles sont les formations initiales proposées ?
P. F. :
Le Centre de Formation des Apprentis du spectacle vivant et de l’audiovisuel est l’organisme public de formation initiale en alternance, et son organisme gestionnaire est l’AFASAM, Association pour la formation en alternance dans les secteurs du spectacle vivant, de l’audiovisuel et du multimédia, dont je suis aussi directeur. Le CFTPS organise et accueille  les formations du spectacle vivant : 4 formations initiales de deux ans en alternance, régisseur son,  plateau ou lumière, niveau bac+2, et depuis cette année une formation de technicien lumière, visant à obtenir un diplôme niveau bac. Nous recevons environ 250 demandes pour des promotions de dix élèves. Notre taux d’insertion professionnelle est de quasiment 100%. Les  effectifs demeurent très réduits pour des raisons pédagogiques, les élèves travaillant en situation avec des consoles et autre matériel lourd et coûteux, et aussi pour être en phase avec la capacité d’intégration des professionnels. L’entreprise dans laquelle ils ont travaillé pendant deux ans les reprend systématiquement en tant qu’intermittent pour leurs productions. Nous sommes en relation avec plus de cent entreprises, centres dramatiques, scènes nationales, prestataires de service, etc. Le CFTPS garantit un savoir technique, et en deux ans, les jeunes se sont créés un réseau professionnel. Les formateurs sont tous en activité professionnelle. Les apprentis sont formés aux nouvelles technologies, ils sont à même de répondre aux  besoins des employeurs et possèdent des compétences adaptées. Nous investissons d’ailleurs régulièrement en matériel de pointe. Notre secteur d’activité marchait beaucoup par cooptation auparavant, aujourd’hui un employeur ne peut plus se permettre d’employer des gens qui ne soient pas efficaces tout de suite, c’est pourquoi l’apprentissage est bien accueilli par les employeurs.

Comment les jeunes envisagent-ils l’intermittence ?
P. F. :
L’intermittence les attire ! Ils aiment le côté vadrouille,  et certains pensent ainsi ne pas être « sclérosés » dans une entreprise. Les techniciens bénéficient en général de contrats de travail plus longs que les artistes, mais les contraintes demeurent. Il faut  travailler le week-end, les jours fériés, partir en tournée. Les entreprises sont dans notre branche des supports pour que les créateurs développent des projets artistiques, sans gestion à long terme de l’emploi.

Etes-vous organisés en réseau ?
P. F. :
Nous tentons d’élaborer au niveau national une réflexion commune avec tous les organismes de formation (ISTS à Avignon, l’ENSATT, etc) et nous menons ici un projet avec une cellule Europe, afin de réfléchir à des compétences et diplômes reconnus dans divers pays européens,  validés par un jury transnational.
Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement


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