La Terrasse

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Les formations artistiques

Prendre conscience du travail de l’autre

Prendre conscience du travail de l’autre - Critique sortie
© D. R.

Publié le 10 octobre 2009

Christian Rätz est responsable de la formation scénographiecostumes de l’école du TNS . L’enseignement concerne aussi bien les futurs scénographes et costumiers que les acteurs, metteurs en scène et dramaturges. Une politique de décloisonnement des pratiques qui forme au travail de groupe.

Comment s’organise l’enseignement de la scénographie et des costumes ?
Christian Rätz :
Une des spécificités de l’école du TNS est d’avoir de nombreuses sections d’enseignement : scénographie, jeu, mise en scène, dramaturgie… La première année, chaque section développe surtout sa propre boîte à outils. Mais dès la deuxième année, les élèves fonctionnent en petites troupes autour d’ateliers communs. Le théâtre étant un art sans pratique solitaire, on cherche à faire en sorte que chaque élément ait conscience du travail de l’autre. C’est un point important de notre identité.

Comment cette interdisciplinarité se traduitelle ?
C. R. :
Par exemple, les élèves de scénographie peuvent être figurants ou bien même acteurs sur certains projets. Ainsi, ils éprouvent le stress, le trac, les difficultés à changer un décor ou l’effet du costume sur le corps. Il y a nécessité de passer par ces ressentis pour prendre conscience de ce que c’est que faire du théâtre. De la même manière, on couple scénographie et costumes. Un costume se conçoit en fonction de la scénographie et vice-versa. Même si par exemple à l’opéra, ça ne se pratique pas beaucoup comme ça. Cette double formation permet enfin aux élèves d’avoir une double qualification professionnelle.

« Révéler des personnalités »

Votre enseignement est-il technique ou esthétique ?
C. R :
En dehors de quelques notions de muséographie, notre enseignement est centré sur la scénographie de théâtre. Le texte est donc au centre. En plus des enseignements techniques, on apprend aux élèves à lire des textes théoriques sur les auteurs, leur époque, à approfondir l’histoire du théâtre, à rassembler des documents iconographiques. Il y a une véritable obligation de culture générale avec celle du travail en équipe.

Comment préparez-vous vos élèves aux transformations de la pratique scénographique ?
C. R :
L’évolution la plus importante est économique en ce moment. On a beaucoup moins d’argent qu’avant à consacrer aux décors et costumes.
Ces contraintes financières, associées à des contraintes de sécurité accrues, nous les intégrons naturellement dans l’enseignement. On apprend à faire plus simple, plus léger, plus efficace. Et comme souvent, les contraintes favorisent la créativité. Côté technologies, après l’engouement pour la vidéo, qui se calme un peu, c’est le recours au numérique qui paraît le plus prometteur aujourd’hui. On y prépare nos élèves, mais on leur apprend aussi à ne pas utiliser la technologie pour la technologie.

Votre enseignement développe-t-il une patte TNS ?
C. R :
Au contraire, on fait tout pour éviter ça. On a quatre élèves par promotion, alors on fait vraiment du cas par cas. On essaye de révéler des personnalités et de ne pas les formater. Le concours paraît élitiste alors qu’on cherche avant tout des gens qui sont au début de quelque chose. Lors du concours, on est avant tout sensible à la motivation des candidats. Et si un dossier a des faiblesses, si un candidat a des lacunes, on sait qu’il vient ici pour apprendre. D’ailleurs, le concours est en lui-même une expérience forte et formatrice qui apporte aux candidats des retours sur leur travail.

Propos recueillis par Eric Demey

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