La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Etat des lieux de la danse en France

L’artiste au coeur du projet

L’artiste au coeur du projet - Critique sortie
© D. R.

Publié le 30 novembre 2011

Solidement amarré au Festival Artdanthé, le théâtre de Vanves, scène conventionnée danse, est devenu en Ile-de-France un repère majeur de la creation chorégraphique dans toute sa diversité. Explications par José Alfarroba, fondateur d’Artdanthé en 1998 et directeur du théâtre.

Quand et comment le conventionnement danse de votre scène a-t-il été décidé ? 
 José Alfarroba :
Le festival Artdanthé a été créé en 1998  et après plusieurs années s’est imposé de fait : par la qualité et nombre de spectacles proposés, la diversité des propositions, l’accompagnement sur le long terme, les prises de risque sur la programmation de pièces hybrides et atypiques, la confrontation entre compagnies émergentes et artistes confirmés. On dépassait déjà très largement le cahier des charges des scènes conventionnées. Les rapports avec la DRAC ont toujours été exemplaires mais dix ans se sont écoulés avant le conventionnement, cette reconnaissance est arrivée très tardivement et nous avons été l’un des derniers lieux conventionnés en région parisienne. Nous avions un déficit de notoriété par rapport à certaines institutions alors que nous étions très bien identifiés par les artistes. Ce conventionnement a permis une réelle reconnaissance de la part de la profession, ainsi que le renforcement des résidences d’artistes et des apports en co-production.
 
 
Avez-vous réussi avec Artdanthé à donner à la danse une place majeure au sein de votre programmation et de votre ville ? 
 J. A. :
Artdanthé est le cœur même de la programmation de la saison. Avec beaucoup d’acharnement et un travail pédagogique auprès des élus (le Maire est devenu l’un de nos meilleurs soutiens), du public et de nos partenaires (les écoles…), nous démontrons tous les jours qu’il est possible de faire une large place à la danse. Nous n’avons jamais dérogé à nos principes : une ligne artistique très affirmée, ne cédant jamais à la censure, et une prise de risque constante par rapport aux créations, aux artistes émergents et aux formes radicales. Au fil des années, le rayonnement du festival, la couverture de plus en plus importante de la presse ont contribué à créer un sentiment d’appartenance de la population locale à un événement culturel important et reconnu.

 “Un sentiment d’appartenance de la population locale à un événement culturel important et reconnu.”

Le public a-t-il évolué dans ses attentes ? S’est-il développé ?
J. A. :
A Vanves, nous constatons que oui, même s’il reste beaucoup de travail à faire, par les rencontres avec les artistes, les projets en milieu scolaire, l’école du spectateur… Depuis trois ans, ayant fait le constat que le public théâtre était très réticent à aller voir de la danse, nous avons intégré dans le festival d’autres disciplines (théâtre, écritures contemporaines) à travers des soirées présentant un projet théâtre et un projet danse. Avec l’ouverture de la deuxième salle, nous avons systématisé les soirées en deux parties.  A Vanves, nous avons choisi de mettre l’artiste au cœur du projet et non le public comme on l’entend souvent. Tout en étant à son écoute,  nous n’avons jamais fait de concessions aux demandes du public.

Pensez-vous que la danse a acquis aujourd’hui en France une visibilité satisfaisante ?
J. A. :
Je m’étonne toujours du peu de place consacrée à la danse dans la majorité des lieux de diffusion. Il faut vraiment rendre hommage à tous ces lieux alternatifs qui maintiennent une activité de création et de diffusion importantes. La danse continue d’être l’enfant pauvre de la plupart des programmations. Elle n’a pas trouvé sa place dans la plupart des lieux culturels. Il faut aussi louer tout le travail des CCN et des CDC, véritable réussite que toute l’Europe nous envie, ainsi que celui des festivals. Et je me réjouis qu’un grand théâtre à Paris soit maintenant exclusivement dédié à la danse. Je fais confiance à Didier Deschamps et son équipe pour faire de cette maison un véritable temple de la danse ouvert à toutes les formes, les esthétiques et à l’expérimentation.

Propos recueillis par Agnès Santi

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