La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La saison classique en France - 2009

La vie symphonique : un monde en mouvement
Entretien Ivan Renar

La vie symphonique : un monde en mouvement<br>
Entretien Ivan Renar - Critique sortie
Le sénateur Ivan Renar préside l’Association française des orchestres, lieu de réflexion des formations orchestrales permanentes. Photo : DR

Publié le 2 octobre 2009

Pour la plupart des métropoles françaises, l’orchestre symphonique est, en concurrence avec l’opéra, le pilier de la politique musicale – à la fois poste budgétaire important et prestigieux ambassadeur, à la faveur d’enregistrements et de tournées qui vont se multipliant. Héritière d’une longue tradition, la vie symphonique est aussi un monde en mouvement, porteur de remises en question et de propositions nouvelles.

« Les orchestres contribuent à la dynamique des territoires sur le plan culturel, économique et social. »

Quelle est la mission des orchestres en matière d’éducation et de sensibilisation des publics ?
Ivan Renar : « Les enfants, là est la clé du trésor ! » disait André Malraux. C’est naturellement le public de demain. Mais surtout, nous avons bien conscience que le contact permanent avec l’art et la culture, donc la musique, sont de formidables outils de construction de la personnalité et de formation à la citoyenneté. Cette mission d’éducation des orchestres est d’ailleurs en constante progression et les partenariats avec les établissements scolaires et les enseignants se développent même si je déplore que l’éducation artistique, comme les pratiques, demeurent le parent pauvre de l’enseignement de l’école à l’université. Les activités pédagogiques, éducatives et sociales sont au cœur du projet artistique des orchestres et lui confèrent tout son sens et toute sa force. Elles font partie des missions de service public que les orchestres ont à cœur. Pour preuve, quasiment tous se sont dotés d’un ou plusieurs postes permanents affectés aux projets éducatifs et ont recruté des musiciens intervenants.

Quelle place occupent les orchestres dans les politiques culturelles de l’État et des collectivités territoriales ?
I. R. :
La place de la culture comme celle des orchestres n’est jamais suffisante. Actuellement les orchestres possèdent les moyens de fonctionner, de donner des concerts mais n’ont plus les moyens de se développer. Le développement est pourtant essentiel car il conditionne la vitalité des orchestres et leur avenir même. Certains disent qu’il y a trop d’orchestres en France. Au contraire, il n’y en a pas assez. Plusieurs régions ne disposent pas d’orchestre permanent. Dans un contexte de restrictions budgétaires et d’arbitrages difficiles, la culture, la création artistique, apparaissent trop souvent comme un luxe. Ce n’est pas la culture qui coûte cher mais bien l’absence de culture. Les orchestres contribuent à la dynamique des territoires sur le plan culturel, économique et social. C’est pourquoi je regrette qu’ici où là on pousse à de bien maigres économies pour de bien grands dégâts, pour reprendre Victor Hugo.

Quel est l’avenir de la diffusion symphonique ?
I. R. :
Avec plus de trois millions d’auditeurs en salle, la diffusion symphonique se porte bien car les orchestres ont su construire une relation toujours plus intime avec leur territoire d’implantation, le tissu local, les populations de proximité. Les orchestres ont su fidéliser leur public mais aussi le renouveler en partageant leur passion de la musique avec le désir de la donner à vivre ardemment.
Je pense que nous devons renforcer notre présence sur les nouveaux médias afin de donner le goût du spectacle vivant sans oublier que la vocation d’un orchestre c’est d’aller à la rencontre du public. Rien ne vaut la vie, rien ne remplacera jamais le spectacle vivant et la puissance de l’émotion partagée ! La musique symphonique par son immense capacité à créer de l’humain, n’est pas seulement un art vivant mais un art vital. Et pour paraphraser André Malraux, elle est le plus court chemin qui mène de l’homme vers l’homme.

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun

 

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