La Terrasse

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La saison classique en France - 2009

Orchestres alternatifs

Orchestres alternatifs - Critique sortie
Avec Les Siècles, François-Xavier Roth invente une autre vision de l’orchestre symphonique. Photo : Simone Poltronieri

Publié le 2 octobre 2009

Une nouvelle génération d’orchestres, souvent formés de jeunes musiciens, est apparue au cours des deux dernières décennies. Petit tour d’horizon à travers quelques exemples significatifs.

Largement réorganisé dans les années soixante-dix sous l’impulsion de Marcel Landowski (fondation d’orchestres dans les métropoles de province tels l’Orchestre du Capitole de Toulouse, ceux de Lyon ou de Bordeaux-Aquitaine) le paysage orchestral français ne s’est quasiment plus, depuis, enrichi de formations permanentes – sinon ponctuellement, à la faveur des politiques de décentralisation (création par exemple de l’Orchestre de Picardie en 1985). Les deux dernières décennies ont plutôt vu s’affirmer un mouvement de fondation de formations non-permanentes, itinérantes, qui, suivant l’exemple des ensembles spécialisés, affichent un positionnement novateur, en décalage avec les orchestres « classiques », et s’affirment comme le prolongement des idées esthétiques de leur fondateur. Ainsi, Les Musiciens du Louvre-Grenoble, d’abord positionnés sur l’interprétation du baroque français, ont vu leur répertoire évoluer en fonction des intérêts musicaux variés de leur chef Marc Minkowski. La dimension pédagogique est souvent présente dans ces formations composées en grande partie de jeunes musiciens. C’est même la raison d’être d’un ensemble tel que l’orchestre-atelier OstinatO, fondé en 1997 par Jean-Luc Tingaud, avec le soutien du compositeur, chef d’orchestre et pédagogue Manuel Rosenthal (1904-2003), soucieux de combler le « vide » entre la formation dispensée par les conservatoires et l’entrée dans les orchestres permanents. Ces formations complètent en quelque sorte l’offre des orchestres de jeunes – plutôt destinés aux jeunes musiciens encore en formation dans les écoles et conservatoires – et celle des associations symphoniques, dont trois demeurent actives à Paris (les orchestres Colonne, Lamoureux et Pasdeloup).

Musique décomplexée

Mais surtout, tous abordent la musique de façon décomplexée, osant les répertoires oubliés dans des programmations qui, si elles sont parfois décousues, témoignent des goûts réunis des musiciens. Les programmes de l’Orchestre de chambre Pelléas, fondé en 2004 sous le parrainage amical de Marc Minkowski, sont ainsi bâtis de manière collégiale. Cela n’empêche pas son chef Benjamin Lévy d’y assouvir sa passion pour le répertoire léger, qu’il exprime sur les scènes lyriques avec la troupe des Brigands qu’il anime depuis 2000 et qui constitue en quelque sorte la face lyrique de Pelléas. Même fonctionnement « participatif » pour La Chambre philharmonique. Son chef, Emmanuel Krivine, évoque à ce propos l’esprit de la musique de chambre : « je fais ma musique, les musiciens font la leur, tout cela ensemble ». La relation étroite, voire exclusive, que ces orchestres entretiennent avec leur directeur artistique ne va pas cependant sans poser de problèmes. En effet, souvent fondées par de jeunes chefs, ces formations servent de tremplin à leur carrière, de moyen de s’exprimer musicalement sans attendre les invitations trop parcimonieuses des grandes institutions. Le cas de François-Xavier Roth est assez emblématique. Fondateur en 2003 de l’orchestre Les Siècles, remarqué pour sa polyvalence stylistique (il aborde aussi bien les œuvres baroques que le répertoire romantique ou la musique contemporaine, toujours sur « instruments d’époque » ) et pour son exposition médiatique (l’émission « Presto » sur France 2), il est aujourd’hui de plus en plus demandé par les orchestres établis. Nommé chef associé à l’Orchestre philharmonique de Radio France ainsi qu’au BBC National Orchestra of Wales, remplaçant de Pascal Rophé à la tête de l’Orchestre philharmonique de Liège, principal chef invité de l’Orchestre symphonique de Navarre, sans compter une carrière de chef invité en plein essor, on peut se demander combien de temps il pourra continuer de consacrer à son ensemble.
Jean-Guillaume Lebrun

 

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