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Deux axes : Le corps du ballet et Le corps en révolte

Deux axes : Le corps du ballet et Le corps en révolte - Critique sortie Danse
Crédit : Alwin Poiana Légende :Emio Greco, et dans le miroir, Pieter C. Scholten, directeurs du Ballet National de Marseille

Entretien Emio Greco

Publié le 27 février 2016

Ballet ou Centre Chorégraphique National ? Les deux directeurs du Ballet National de Marseille Emio Greco et Pieter C. Scholten font fi des cadres établis : c’est le corps qui dirige l’esprit du lieu.

Vous avez été nommé il y a deux ans à la direction du Ballet National de Marseille. Peut-on dresser un premier bilan ? Quels sont les premiers changements que vous avez apportés ?

Emio Greco : A notre arrivée, la première chose a été de redonner au Ballet de Marseille une identité, qui n’était plus vraiment reconnaissable au niveau de l’écriture chorégraphique et de l’engagement du danseur. Il a fallu restructurer aussi le côté administratif et technique, pour que tout le monde adhère au nouveau message, en essayant de créer des pôles autonomes mais interdépendants les uns des autres. Chaque pôle devient responsable de sa fonction, avec des marges de manœuvre libres, pour prendre des décisions, gérer ses énergies, en étant relié à l’idée totale du propos artistique. Celui-ci repose sur deux axes : le premier s’intitule « le corps du ballet », et l’autre « le corps en révolte ». Ces deux thèmes artistiques sont toujours la référence vers laquelle on revient pour diriger l’action artistique, et l’action vers le monde extérieur, pour être en contact et en recherche de chorégraphes invités ou d’artistes émergents en étant à l’écoute. C’était un travail très ambitieux, et, aujourd’hui, on peut dire que le Ballet a trouvé une nouvelle identité. On a aussi voulu lui redonner son rôle de Centre Chorégraphique National. Davantage perçu comme un ballet, sa fonction de CCN se réduisait aux tâches minimales comme les accueils-studios, de façon très traditionnelle. On a voulu reprendre ce rôle en choisissant des jeunes chorégraphes qui soient vraiment en résidence et  soutenus par toute l’équipe du BNM en tant que pôle, centre de connexions, d’échanges, de l’intérieur vers l’extérieur.

« Le Ballet a trouvé une nouvelle identité. »

Dans quel rapport à l’Europe impliquez-vous le BNM ?

E. G. : Avec Pieter, nous avons créé en 2009 le centre international d’arts chorégraphiques d’Amsterdam. Notre projet fait en sorte que les deux structures collaborent de façon à avoir une dynamique nord-sud. C’est la possibilité de faire à la fois des échanges d’artistes pour amplifier l’écoute et le soutien aux jeunes chorégraphes, mais aussi des coproductions ensemble. Une grande production entre les deux compagnies a vu le jour, et nous allons partir en tournée aux Pays-Bas, ce qui est assez nouveau pour le ballet. Cela se traduit également au travers d’artistes invités, repérés là-bas et vice-versa, comme Arno Schuitemaker, ou Eric Minh Cuong Castaing. Avec la participation d’Amsterdam, le soutien devient plus costaud, plus cohérent. Cela n’aurait pas été possible sans cette collaboration.

Vous qui arriviez d’une compagnie indépendante, comment s’est traduit votre rapport au groupe, au sein d’un ballet, avec tout ce que cela suppose comme relations hiérarchiques ?

E. G. : Notre désir était de parler du corps comme élément essentiel, fondamental du projet, et cela se retrouve dans nos deux thèmes. C’est une référence au corps, c’est-à-dire à la personne, à l’individu. Quand on parle du corps, on parle du corps du danseur, mais aussi de tout ce qui fait la force et le patrimoine du BNM : ceux qui y travaillent, les techniciens, les administratifs… On a vraiment fait comprendre que chacun est ambassadeur du ballet. Pour nous, il n’y a pas de distinction entre corps de ballet et soliste, sachant que tout le monde est particulier, singulier. Tout le monde à sa façon est soliste, et tout le monde a la même responsabilité vis-à-vis de soi et du projet artistique.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

 

Ballet National de Marseille, 20 boulevard de Gabès, 13008 Marseille. Tél. : 04 91 32 72 72.

A propos de l'événement


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