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Danse et transdiciplinarité

Danse et transdiciplinarité - Critique sortie Danse
© Jean-Louis Fernandez

Publié le 30 novembre 2011

Mélangeant régulièrement danse, théâtre et arts visuels, dans des spectacles singuliers, Josef Nadj est idéalement placé pour évoquer la porosité des frontières entre disciplines.

Cloisonner danse et théâtre a-t-il encore un sens ?
Josef Nadj :
La catégorie de la danse théâtre est née avec Pina Bausch au début des années 80. En comparaison notamment avec la danse pure venue des Etats-Unis : pas de décor, ni de costume, une écriture musicale et une gestuelle plutôt abstraite. A l’opposé, Pina Bausch mettait les danseurs dans des situations théâtrales reconnaissables. Aujourd’hui, l’opposition reste valable même si les champs de recherche se sont mélangés, notamment via les performances.
 
La performance constitue-t-elle un point de rencontre entre danse et théâtre ?
J.N :
La performance n’est pas une synthèse de la danse et du théâtre mais un territoire à part. C’est le questionnement d’un événement unique. Le choix des interprètes, ou du lieu, ou du matériau, fait que ces expériences sont liées à la spécificité du propos. Par exemple, ce que j’ai fait avec avec Miguel Barcelo dans Paso Doble, on ne peut pas l’imaginer avec d’autres personnes.

« Le regard du public même s’est révolutionné. »

Qu’en est-il du mélange des genres dans votre pratique ?
J.N :
Pour moi, il n’existe pas de frontières. Dans mon approche, en tout cas, j’essaie de lever ces frontières. J’essaye de développer des chorégraphies à l’intérieur de propositions où je veux évoquer des situations tantôt grotesques, tantôt abtsraites ou métaphysiques, propositions qui demandent une construction scénique. Depuis toujours, mon optique a été de faire un spectacle total, avec une importance laissée à la dimension visuelle qui me vient certainement de mon passé d’étudiant aux Beaux-Arts.

Vos créations partent souvent de textes, parfois théâtraux, mais laissent peu de place à la parole…
J.N :
La danse ne remplace pas la parole. On ne danse pas parce qu’on manque de paroles ou parce qu’on ne peut pas exprimer quelque chose par la parole. Quant au texte, comme la parole, il a une importance, mais n’agit pas comme une finalité. Je ne veux pas l’inclure sur le plateau car je trouve que mes matériaux sont suffisants pour exprimer ce que je veux exprimer. Pour moi, le texte a de l’importance pour l’étude d’une pensée, en tant que matière des écrivains, pour voir comment ils ont pu trouver une forme. Cela m’aide à réfléchir hors de mes territoires.

Dans le mélange des genres, aujourd’hui, tout est donc possible ?
J.N :
Tout est possible mais les dangers sont omniprésents, à commencer par celui de vouloir intégrer toutes les possibilités qui se présentent à nous. Le but est de trouver des moyens scénographiques capables de soutenir un propos. Il faut faire des choix stylistiques, afin de créer une œuvre la plus lisible possible, de créer un spectacle fluide, ouvert, total.  Les spectateurs ne sont plus choqués par ces mélanges. Les révoltes, c’était il y a trente ans. Le regard du public même s’est révolutionné.  On ne peut pas remettre en question ces nouvelles recherches.
Propos recueillis par Eric Demey

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