La Terrasse

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Avignon / 2019 - Entretien

Moi, Bernard

Moi, Bernard - Critique sortie Avignon / 2019 Avignon La Caserne des pompiers
Jean de Pange adapte et interprète la correspondance privée de Koltès. Crédit : Marc Philippe

La Caserne des pompiers / d’après la correspondance privée de Bernard-Marie Koltès / conception et interprétation Jean de Pange / adaptation Claire Cahen et Jean de Pange / mes Laurent Frattale

Publié le 23 juin 2019 - N° 278

Dans une proposition poétique et biographique, entre conférence et représentation, Jean de Pange interprète la correspondance privée de Bernard-Marie Koltès, qu’il a adaptée avec Claire Cahen.

Qu’apporte cette correspondance pour éclairer l’œuvre et l’homme ?

Jean de Pange : Koltès a correspondu toute sa vie, depuis son jeune âge et avec tous ses proches. L’ensemble de son parcours de vie est donc, en creux, rapporté dans sa correspondance. A la lecture, on a le sentiment qu’il s’adresse directement au lecteur. C’est assez grisant. Cela tient au fait que le recueil ne contient que des lettres écrites de sa main. Je considère sa correspondance comme une sorte d’autobiographie involontaire. Je ne crois pas qu’elle éclaire beaucoup l’œuvre mais elle dessine le portrait d’un homme éclairé et incroyablement lucide sur les réalités complexes du monde occidental. Dans notre proposition, Bernard-Marie Koltès, faiseur de personnages, devient par ses propres mots, le personnage principal, personnifié en scène, de sa propre histoire. Une mise en abyme qui m’excite beaucoup. Je pense que notre spectacle parle de théâtre et qu’il en parle au-delà des œuvres de Koltès.

« La correspondance de Koltès dessine le portrait d’un homme éclairé et incroyablement lucide. »

Comment avez-vous adapté ce matériau textuel pour la scène ?

J.de P. : Nous avons travaillé sur la période 1968-1989 (à partir de ses vingt ans), qui correspond aux années d’écriture. C’est le parcours d’un écrivain que le spectacle révèle : les doutes, les échecs, les galères, puis une certaine forme de réussite (même si Koltès était un éternel insatisfait). Dans notre montage, nous avons évité toutes références aux destinataires de manière à placer le public comme interlocuteur constant. Notre adaptation est fidèle à l’objet original : fragmentaire et chronologique. C’est dans notre montage que nous avons fait acte d’écriture. S’il y a une fidélité absolue aux lettres, notre montage coupe et réorganise. Il invente et réinvente aussi sans doute… C’est lui qui produit du récit. En ce sens Moi, Bernard est une pièce de théâtre.

Pourquoi et comment interprétez-vous ce texte ?

J.de P. : Même si je prends en charge le je de Bernard, je reste bien moi au plateau. C’est une position de conteur qui peut se permettre d’entrer et de sortir : je cite, je joue, je lis, je raconte. Koltès a joué un rôle capital dans mon parcours et a toujours été présent dans mon travail. Cela peut paraître curieux, mais ce spectacle est un geste extrêmement naturel pour moi. Je n’ai jamais imaginé que quelqu’un d’autre puisse le jouer.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Moi, Bernard
du samedi 6 juillet 2019 au lundi 22 juillet 2019
La Caserne des pompiers
116, rue de la Carreterie, 83000 Avignon

à 17h, relâches les 9 et 16 juillet. Tél. : 04 90 39 57 63. A partir de 14 ans. Avignon Off.

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