Pièce en plastique, de Marius von Mayenburg, mis en scène par Adrien Popineau
Au Théâtre de Belleville, Adrien Popineau met [...]
Dans son art inclassable brassant culture populaire et ironie intello, Nicole Genovese propose avec Hélas une pièce en forme de repas déjanté, où s’accumulent des boucles aux multiples strates.
On avait découvert l’énergumène dans un vaudeville revisité au lance-flammes, Ciel ! Mon placard. Nicole Genovese, alias Claude Vanessa, est de retour avec un objet théâtral qui tire encore plus vers l’absurde et ne cesse de questionner ce qu’on fait du théâtre. Dans cet Hélas – interjection qui nous évoque irrésistiblement Racine, tellement récurrente chez l’auteur classique que Gwénaël Morin s’était plu un jour à les souligner à la cymbale -, tous les soirs on remet le couvert, comme tous les soirs, au théâtre, on se répète. Ainsi, deux, trois, quatre fois, c’est la même scène qui se rejoue à l’identique, ou presque, pour commencer ce spectacle. Dans un intérieur en mode Deschiens, décor cheap et kitsch où trône une télé alternativement branchée sur Des chiffres et des lettres ou Plus belle la vie, on sert et on ressert les mêmes plats à la table familiale, deux parents et leurs grands enfants qui se chamaillent, à peine perturbée par l’intervention un rien décalée du britannique Oncle Michel. Nicole, elle-même, viendra une première fois rompre le cycle infernal en adjointe à la culture intarissable, qui, sur le côté, égrène ses remerciements à tous ceux qui ont soutenu le spectacle.
Feu nourri de désirs contradictoires et d’esthétiques entrecroisées
Impossible de raconter davantage sans affecter le plaisir du spectateur qui tient quand même grandement à vouloir découvrir où va bien pouvoir le conduire le fil apparemment sans issue de cette répétition du même. Que s’installe en filigrane le thème des réfugiés via un épisode de la célèbre soap française de France 3. Mais aussi que la vie continue, les vies, familiale et théâtrale, comme aveugles et sourdes à tout ce bruit qui les entoure. Mélangeant humour noir aux limites de l’incorrect – « Avec tous ces immigrés qui volent notre boulot / Il faut leur faire une petite place / Avec le sourire en plus » -, critique de la vie théâtrale, notamment en son versant administratif, amour du jeu, de la langue et des comédiens, à travers une écriture en forme de partition, où à chaque tour de manège, d’un simple décalage d’intention ou de rythme, peuvent jaillir de nouvelles étincelles, Beckett, Minyana, Monty Python, théâtre performance ou théâtre carton-pâte, Nicole Genovese crée un spectacle aux couches innombrables, qui s’empilent comme les assiettes sur la table, aussi indescriptible qu’indécryptable. A la fin émane une profonde nostalgie, comme l’expression conjuguée d’un amour et du regret de cet amour. Feu nourri de désirs contradictoires et d’esthétiques entrecroisées qui alimentent un repas comico-tragique, Hélas est littéralement hors-pair.
Eric Demey
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Tel : 01 43 28 36 36. Durée : 1h40 environ. Spectacle vu au Théâtre de Vanves.
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