Renée en botaniste dans les plans hyperboles
Karl Biscuit et Marcia Barcellos, duettistes [...]
Les fureurs du corps et la prise de risque sont à l’honneur dans ce festival qui invite le cirque et le hip hop à se partager l’affiche. Deux semaines ponctuées d’ateliers et de rencontres professionnelles au cœur des espaces du Parc de La Villette.
Plus que jamais les artistes déjouent les chemins de leur instabilité pour faire du déséquilibre et de la fragilité une voie pour l’expression du corps. Mathurin Bolze propose dans A bas bruit un petit peuple de marcheurs confrontés à un environnement déroutant. En prise directe avec une grande roue ou un tapis roulant, les trois interprètes dansent dans la fluidité et l’harmonie les relations qui les unissent au monde ou à eux-mêmes. Mickaël Le Mer s’appuie aussi sur les errances de six danseurs, confrontés, dans Instable, aux obstacles de la vie matérialisés sur scène par des tables mouvantes et des lignes lumineuses structurant les déplacements. D’autres artistes pratiquent l’art de la déstabilisation par les modes de rencontres qui traversent leur démarche et bousculent les attendus : Hamid Ben Mahi a revisité son hip hop à l’aune d’un univers musical a priori éloigné. Les volutes musicales d’Alain Bashung, jouées live par deux musiciens du chanteur, transpercent les corps et accompagnent la tribu d’Apache dans une palette d’émotions intimes. Le rock de Bashung et la danse d’Hamid Ben Mahi ont en commun une certaine douceur ; mais les corps, ivres de musique, cherchent l’explosion intérieure par des rituels chorégraphiques fédérateurs.
Le hip hop, le cirque, et l’art du déplacement urbain
A côté, le Rock it daddy de Mickaël Le Mer fait figure d’exercice de style en se confrontant lui aussi au rock : des standards des années 50 à 70 sur lesquels les breakers offrent de nouvelles gammes de mouvement. Ce projet est une des petites formes qui se partagent la scène de la grande halle, comme l’éblouissante house des Serial Stepperz, l’énergie sensible des Lady Rocks ou la prouesse du trampoliniste Rauli Kosonen. En marge des propositions des dix-sept compagnies qui composent le programme de Hautes Tensions, il faudra noter la première édition du championnat de France d’art du déplacement, popularisé par les étonnants et jubilatoires « parkours » des Yamakasi. Une pratique à expérimenter également dans un atelier proposé aux enfants, mêlant acrobatie et environnement urbain. Les rencontres professionnelles offrent également la possibilité de faire le point sur la notion d’écriture et d’auteur en danse hip hop, et sur la mise en place du diplôme d’Etat d’enseignement des danses urbaines.
Nathalie Yokel
Karl Biscuit et Marcia Barcellos, duettistes [...]