Rakugo/ukiyo-e
Le conteur de rakugo Ryûraku Sanyûtei se [...]
Revenu de chez les Lilliputiens, Gulliver raconte ses aventures aux siens. Le spectateur, casque aux oreilles, observe à travers des lucarnes, une chambre dans laquelle évoluent acteurs et figurines. Karim Bel Kacem se fait maître des échelles…
« Gulliver est le deuxième volet d’une recherche intitulée Pièces de chambre. Je continue le travail artistique commencé il y a quelques années, avec le même dispositif quadri-frontal fermé, doté de vitres sans tain. Le public est à l’extérieur de l’espace scénique ; les acteurs ne voient pas les spectateurs. L’ensemble ressemble à un lieu de tournage, et comme au cinéma, on travaille beaucoup sur les effets de dissociation et de décalage. Après Anéantis, de Sarah Kane, où ce dispositif permettait d’explorer la manière de rendre compte d’un espace mental, Gulliver interroge le passage du micro au macro, les rapports entre les échelles, le passage du naturalisme à l’onirisme. Après Anéantis, je voulais continuer à travailler avec ce dispositif exigeant, dans la perspective d’un spectacle tout public. Les Voyages de Gulliver m’ont offert un point de départ extraordinaire pour explorer les points de vue.
Explorer les points de vue
On assiste au premier retour de Gulliver, qui raconte son aventure à sa famille. Mythomanie ou vérité ? Les scènes naturalistes sont entrecoupées de scènes issues du roman, jouées par de toute petites figurines. Comme tous les romans satiriques, tellement polysémiques, celui-là pose des questions bien plus larges que celles qui intéressent les enfants ; mais les enfants en comprennent très bien les enjeux. Qu’est-ce que mentir, croire à son mensonge, ne pas être cru ? Ecoute-t-on et traite-t-on de la même façon celui qui fait sa taille, le plus petit et le plus grand ? Autre élément fondamental : Gulliver, chez les Lilliputiens, entre en contact avec une population qu’il ne connaît pas. Il apprend leur langue. Et dès qu’ils peuvent se comprendre, Gulliver est transformé en machine de guerre. La question politique est liée aux rapports d’échelle. Quand on est tellement plus fort que l’ennemi, a-t-on le droit de participer à la guerre ? Cette question éthique de l’ingérence apparaît immédiatement et très clairement aux enfants. Ce spectacle fonctionne autant avec eux qu’avec les adultes, et, mieux encore, lorsque les adultes voient réagir les enfants, cela leur offre de nouvelles clés de lecture. »
Propos recueillis par Catherine Robert
à 14h30 et 20h (uniquement à 20h le mardi 13 décembre, uniquement à 14h30 le samedi 24 décembre), dimanche 18 décembre à 14h30 et 16h30, lundi 26 décembre à 14h30 et 20h. Spectacle tout public à partir de 8 ans. Tél. : 01 44 62 52 52.
Le conteur de rakugo Ryûraku Sanyûtei se [...]