La Terrasse

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Danse - Entretien / Olivier Meyer

Célébrer le hip hop sous toutes ses formes

Célébrer le hip hop sous toutes ses formes - Critique sortie Danse Suresnes Théâtre de Suresnes Jean-Vilar
Crédit : D.R. Légende : Olivier Meyer, directeur artistique et créateur du Festival Suresnes Cités Danse.

Suresnes Cités Danse / Olivier Meyer

Publié le 17 décembre 2016 - N° 250

Le directeur artistique et créateur de Suresnes Cités Danse revient sur vingt-cinq ans de festival et nous dévoile son programme pour la soirée anniversaire.

Quand vous avez créé Suresnes Cités Danse en 1993, pensiez-vous que ce festival, consacré au hip-hop, pourrait tenir 25 ans ?

Olivier Meyer : Absolument pas. Je l’ai fait parce que j’avais été profondément touché par ces danseurs, pas si époustouflants techniquement, à l’époque, qui dansaient dans ce quartier de La Paillade et que Jean-Paul Montanari avait inclus dans Montpellier Danse. Ils avaient un plaisir de danser, une envie de partager leur danse, c’était très beau, très fort, très émouvant. Ils dansaient parce qu’ils en avaient besoin pour vivre, c’était rare de voir ça. Ils n’avaient pas du tout le niveau d’aujourd’hui, pas de production scénographique, tout cet emballage qui n’est pas toujours justifié, mais ils avaient cette simplicité, cet élan, cette générosité, cette urgence de danser. Ça m’a bouleversé et c’est parti de là. Parce que je les trouvais formidables. Mais il fallait nourrir cette idée, d’où ce voyage à New York qui a suivi et qui m’a permis de rencontrer les Rock Steady Crew et Willy Ninja, la star du voguing.

Pourquoi avez-vous eu l’idée, au départ, de mélanger hip-hop et contemporain ?

O.M. : C’est la logique qui m’a guidé. L’essentiel du hip hop se passait dans la rue. Comme il y avait peu de chorégraphes issus de ce mouvement, en France, qui pouvaient tenir une soirée, j’ai d’abord fait venir des chorégraphes contemporains pour travailler avec des danseurs hip hop, et des chorégraphes américains. Ensuite, tout est allé très vite et on a vu apparaître les Mourad Merzouki, Kader Attou, Farid Berki. Nous avons servi de révélateur et donné la possibilité à toutes ces danses issues du hip hop d’être vues dans leur diversité.

« Nous avons servi de révélateur et donné la possibilité à toutes ces danses issues du hip hop d’être vues dans leur diversité. »

Comment qualifieriez-vous l’évolution du hip-hop ?

O.M. : Le hip hop a connu une gigantesque évolution artistique. Je ne peux écouter le mépris de certains quand on voit la diffusion, l’écho public énorme que le hip hop rencontre. J’entends quelques voix dire qu’il faudrait revenir aux « fondamentaux ». Mais si le hip hop s’était cantonné à ce qu’il a été à ses débuts, soit une performance impressionnante, très virile, il ne serait sans doute pas ce qu’il est aujourd’hui. C’est-à-dire la possibilité pour les danseurs d’être ensemble sur un plateau, et non plus isolés, de danser à l’unisson ou dans un rapport à l’autre, de pouvoir se toucher et même s’embrasser parfois. Et les femmes sont entrées dans le mouvement. Je ne voudrais pas que ça régresse, que ce qui a émergé revienne à la case départ.

« 25 ans, 25 danseurs », c’est une belle soirée d’anniversaire, qui sera pilotée par Farid Berki, mais c’est aussi un défi…

O.M. : C’est une folie artistique et financière sur un plateau, qui n’est pas immense. Je voulais faire vivre cette soirée avec les danseurs qui ont participé à ce festival, qui ont un lien très fort avec la manifestation. Pour certains, quand ils viennent ici, c’est un peu leur maison, ils sont heureux. Ce sera une improvisation réglée, sur des musiques différentes, du classique à l’électro en passant par le jazz, par toutes les musiques sur lesquelles ils ont dansé. Farid a accepté cette folie. Il a cinq jours pour tout caler, mais il va y arriver parce qu’ils sont contents d’être là. Et Farid est très imaginatif, il connaît par cœur tous ces artistes. C’est mon côté romantico-lyrique mais je trouve qu’il y a beaucoup de fraternité, de bonheur, d’amour de la danse. C’est formidable que ça existe encore, que ce soit encore un engagement. Quand je les vois, ça me donne de l’énergie.

 

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

Festival Suresnes Cités Danse 25e édition
du mardi 17 janvier 2017 au dimanche 5 février 2017
Théâtre de Suresnes Jean-Vilar
16 Place Stalingrad, 92150 Suresnes, France

Tél. : 01 46 97 98 10.

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