« Cercles » de Boris Charmatz , une humanité bondissante, une multitude tournoyante
Un acte artistique en train de se faire, une [...]
Delphine Bentolila met en scène une rédaction face à sa mission première : informer. Au journal Libération des années 80’s, l’affaire Gregory agite les rangs. Cas d’école du traitement médiatique des faits divers, l’enquête déchaîne les passions dans le pays et dans l’équipe : quelle est leur responsabilité dans cette affaire ? Et surtout, peuvent-ils s’éloigner du réel au profit d’une parole littéraire et donc fictionnelle ?
16 octobre 1984, 16h50, celui qu’on appellera « Le petit Gregory » est déclaré disparu. Quelques heures plus tard, il est retrouvé mort. De la vallée de La Vologne jusqu’à l’autre bout de la France, le fait divers agite le débat et fait l’objet d’une couverture médiatique monumentale. Dans les locaux parisiens du quotidien Libération, la rédaction n’y échappe pas et commande un texte à Marguerite Duras sur l’affaire. Une écrivaine qui commente une affaire de justice en cours : c’est Serge July à l’époque, alors directeur du journal et interprété ici par Laurence Roy, qui demanda le texte. L’écrivaine y accuse formellement la mère de l’enfant, inculpée mais présumée innocente. Une vérité fantasmée, transcendée par la littérature. Une lecture artistique du réel, issue des intuitions de la femme de lettres. Alors : publication ou pas publication ?
« Sublime, forcement sublime Christine V »
En imaginant deux figures clés, celle d’un jeune journaliste débarquant dans le métier plein d’ambition et d’espoir, et celle d’un rédacteur en chef contraint par la rentabilité de son titre, l’écriture renvoie chacun à sa propre conception des médias. « Du fait divers au roman, à la tragédie » prêche l’un. « C’est sublime, progressiste, féministe » fantasme un autre qui voit dans cet infanticide imaginé le paroxysme de l’émancipation féminine. « Un article plein de suppositions n’est pas du journalisme » condamne une troisième. En parsemant le récit d’autofictions d’aujourd’hui, de tutos maquillages sur Instagram aux threads horreurs sur Twitch, la compagnie raconte la puissance de la littérature des faits et de la vérité. Et pointe avec raison les conséquences de ces choix médiatiques, illustrant – au hasard – comment les médias racontent un Jean-Marie Le Pen faisant, à l’époque, 15% aux européennes – s’ils savaient. Un beau plaidoyer pour une presse libre et crédible dans une pièce fictionnelle qui se révèle ici pertinente. À nous, maintenant, à l’heure des réseaux sociaux, de cultiver notre esprit critique.
Louise Chevillard
à 20h15. Tel : 04 84 51 20 10. Durée 1h20.
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