Jang Hye-rim présente « Je_Burnt Offering », un saisissant rituel sensoriel qui s’élève contre l’aliénation de nos vies modernes
Avec ce saisissant rituel sensoriel qui relie [...]
De retour à Paris après sept années d’absence, l’excellente et mythique Martha Graham Dance Company propose deux programmes tout en contrastes entre plongée dans l’histoire de la danse et célébration contemporaine.
Pour célébrer à Paris ses cent ans d’existence – qui en font la plus ancienne compagnie de danse des États-Unis – la Martha Graham Dance Company a choisi deux programmes qui associent des pièces mythiques à des chorégraphes contemporains, avec, en solo, Aurélie Dupont comme guest star sur certaines dates. En ouverture du premier programme sont proposées deux pièces des années 1940 inspirées de la mythologie grecque. Errand into the maze, d’abord, nous dépeint une Ariane qui, s’aidant de son fil pour naviguer dans le labyrinthe de ses pensées, se confronte et vainc à trois reprises le Minotaure, symbole de ses peurs. Cave of the heart, ensuite, nous montre une Médée trahie et vengeresse que le chœur ne parvient pas à freiner dans sa jalousie mortifère. Les interprètes, d’une virtuosité remarquable, cisèlent leurs gestes d’une parfaite musicalité à partir de la contraction et détente de leurs corps, bondissent dans des sauts puissants sans prendre aucun appel. Les décors d’Isamu Noguchi sont d’une épure flamboyante. Néanmoins, si la valeur révolutionnaire de la danse de Martha Graham est sans conteste encore perceptible aujourd’hui, son esthétique antique et quelque peu datée peut rebuter. À côté de très belles partitions féminines, toutes en intensité et fluidité, comme celles d’Ariane et du chœur, celle de Jason dont les bras restent arqués à distance de son buste, dont les membres ne se plient qu’à angle droit et dont les déplacements se font de profil, laissera certains de marbre par sa facticité.
Une célébration jubilatoire
Après un bref entracte, Aurélie Dupont apparait en majesté dans une longue robe rouge pour le bref solo Désir que lui a dessiné Virginie Mécène, ancienne danseuse principale de la compagnie et ancienne directrice de l’école Graham. C’est un plaisir de revoir sur scène l’étoile de l’Opéra de Paris qui se glisse avec naturel dans cette chorégraphie inventée à partir d’une série de photos mettant en scène Martha Graham. Puis cette célébration du centenaire de la troupe se clôt en toute modernité avec Cave, une rave party chorégraphique imaginée par Hofesh Shechter pour onze danseurs et danseuses qui montrent là leur polyvalence et l’étendue de leur talent. La musique, complexe et envoûtante, pulse. Les corps, réunis en grappes changeantes, lui répondent par vagues successives de mouvements eux aussi complexes et entraînants dans une fête à la fois contemporaine et sans âge, où les solos magnifient les spécificités de chacun des interprètes, où le rituel embrasse le clubbing, et où la technique Graham se mâtine de danse africaine ou de krump. La salle jubile et nous de même.
Delphine Baffour
à 15h les samedis et dimanches, relâche les lundis et mardis.
Tél. 01 40 28 28 40.
Durée : 2h avec entracte.
Deux programmes en alternance.
Avec la participation exceptionnelle d’Aurélie Dupont dans le solo Désir les 7, 9, 12 et 14 novembre.
Avec ce saisissant rituel sensoriel qui relie [...]