La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Glückliche Tage (Oh les beaux jours)

Glückliche Tage  (Oh les beaux jours) - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre national de la Colline.
Oh les beaux jours, mis en scène par Stéphane Braunschweig. Crédit photo : Elisabeth Carecchio

Stéphane Braunschweig / Théâtre national de la Colline / de Samuel Beckett / mes Stéphane Braunschweig

Publié le 6 juin 2014 - N° 221

Créé au Schauspielhaus de Düsseldorf en avril dernier, la version allemande de Oh les beaux jours signée par Stéphane Braunschweig est présentée au Théâtre de la Colline. Avec, sur scène, Claudia Hübbecker et Rainer Galke. 

Le désir de mettre en scène Oh les beaux jours naît souvent de la rencontre avec une actrice. Est-ce le cas pour vous ?

Stéphane Braunschweig : Oui, j’ai décidé de créer Oh les beaux jours pour Claudia Hübbecker. J’ai fait sa connaissance à Düsseldorf, lorsque j’ai mis en scène Woyzeck. Puis je lui ai demandé de jouer dans Jours souterrains*. C’est une comédienne assez atypique, que j’aime beaucoup. Elle est à la fois d’une grande puissance comique et d’une extrême sensibilité. Claudia a quelque chose d’un clown : d’un clown angoissé par la fin du monde.

Ce qui est un bon début pour interpréter Winnie…

St. Br. : C’est vrai ! Lorsque je me suis mis à chercher un texte pour elle, j’ai réfléchi à toutes sortes de choses. Puis Oh les beaux jours s’est imposé. J’ai pensé qu’elle serait formidable dans le rôle de Winnie. Même si j’adore le théâtre de Beckett, je n’avais jamais vraiment pensé à m’en emparer avant cela.

Pourquoi ?

St. Br. : Parce qu’il s’agit davantage d’une matière pour acteurs que d’une matière pour metteurs en scène. Je veux dire par là que le cadre de ce théâtre est extrêmement réglé. Or, lorsque je mets en scène une pièce, j’ai besoin de rêver sur une scénographie. Mais en y réfléchissant, je me suis dit qu’il était possible de créer quelque chose d’un peu inattendu.

« Claudia Hübbecker a quelque chose d’un clown angoissé par la fin du monde. »

C’est-à-dire ?

St. Br. : J’ai essayé de faire un pont entre Beckett et le monde d’aujourd’hui. C’est ça, le travail d’un metteur en scène : faire résonner une pièce dans l’actualité. J’ai respecté toutes les indications de Beckett, mais j’ai revisité le dispositif scénique en y intégrant des images virtuelles. Cela, sans trahir quoi que ce soit de la pièce, et sans l’actualiser. La réalité de Winnie est dédoublée, ce qui accentue la brutalité, la cruauté de la situation.

Quel regard avez-vous porté, avec Claudia Hübbecker, sur le personnage de Winnie ?

St. Br. : Nous n’avons pas voulu faire de Winnie une bourgeoise frivole mais, au contraire, une femme qui a conscience du tragique de sa situation, une femme qui se sert du langage pour surmonter l’angoisse qui l’envahit. Ma mise en scène de Oh les beaux jours n’est pas légère. Elle est plutôt existentielle, ce qui n’interdit bien sûr pas le rire.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

* Pièce de Arne Lygre mise en scène par Stéphane Braunschweig. Voir La Terrasse n° 195, février 2012.

A propos de l'événement

Glückliche Tage
du mardi 10 juin 2014 au samedi 14 juin 2014
Théâtre national de la Colline.
15 Rue Malte Brun, 75020 Paris, France

Du 10 au 14 juin 2014. Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30. Spectacle en allemand, surtitré en français. Tél. : 01 44 62 52 52. www.colline.fr

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