La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Gilberte Tsaï

Gilberte Tsaï - Critique sortie Théâtre
Gilberte Tsaï

Publié le 10 janvier 2008

Le théâtre au plus près de la vie.

Un rêve fantastique éveillé, voir émerger le Nouveau Théâtre de Montreuil pour la population d’abord et pour la directrice Gilberte Tsaï ensuite, qui prépare le projet depuis 2000, via le théâtre « hors-les-murs » et le théâtre en appartement. Une ouverture emblématique des lieux avec Ce soir on improvise de Pirandello.

Pourquoi le choix de  Ce soir on improvise ?
 
Gilberte Tsaï : Il fallait trouver pour cette salle toute neuve – la salle Jean-Pierre Vernant – une pièce qui, à la fois, ait le théâtre pour sujet et soit en prise sur la vie. Ce soir on improvise de Pirandello traite précisément du lien du théâtre à la vie et du réel à la fiction. Avec l’auteur sicilien, on est autorisé à jouer de tous les niveaux de théâtre, depuis les idées jusqu’aux machines. La pièce permet de faire travailler des amateurs et d’user de l’objet même du théâtre, côté spectateurs et côté théâtre : une véritable diversité d’approche.
 
La pièce est un hommage au théâtre et aux acteurs.
 
G. T. : Sont présents scéniquement, l’auteur, le metteur en scène, les acteurs, le personnage et le public. Le metteur en scène a préparé avec sa troupe d’acteurs une soirée d’improvisations sur canevas. Au départ, Pirandello écrit une courte nouvelle, une histoire sicilienne de jalousie : Leonora, addio !.  C’est à partir du récit initial que le metteur en scène (Clément Victor), présent sur le plateau, prend plus ou moins de liberté alors que l’auteur même (Gérard Hardy) – Pirandello – est là aussi.
 
 « Ce soir on improvise de Pirandello traite précisément du lien du théâtre à la vie et du réel à la fiction. »
 
Quelle est l’histoire racontée ?
 
G. T. : L’histoire dépeint une famille sicilienne bourgeoise. Le père est brimé par sa femme, la Générale, originaire de Naples. Elle reçoit beaucoup, dont des jeunes gens que fréquentent ses filles. Cette mère et ses filles deviennent un objet de scandale pour la population alentour. Folles d’opéra, elles vont aux représentations et font de l’opéra à domicile. Le père meurt brutalement, assassiné par le souteneur d’une chanteuse de cabaret dont il était amoureux. Tout bascule, la fille aînée Mommina (Sylvie Debrun) épouse un officier de la région Rico Verri (Laurent Manzoni) qui, devenu jaloux du passé de la jeune femme, l’emmène dans sa ville natale pour la tenir recluse avec ses deux fillettes. Ne lui reste qu’un souvenir, l’opéra, qu’elle chante toutes les nuits, et elle  en meurt. Le metteur en scène présente ce travail sur le plateau et le public réagit…
 
La condition de la femme est un thème fort de la pièce…
 
G. T. : Cette pièce m’intéresse non seulement parce qu’elle parle de théâtre, mais aussi de la condition de la femme. Mommina, écrasée sous le poids de la société, renonce à tout. La condition féminine dans la Sicile de l’époque (1930) est terrifiante. Les femmes n’ont aucune existence : ce sont des dots. Pirandello lui-même manipulé a épousé une dot, une jeune fille qui versera plus tard dans la folie. La jalousie chronique, la solitude et l’abandon des plus faibles qui ont perdu jusqu’à la possibilité de rêver sont des thèmes contemporains.
 
Qui sont les comédiens ?
 
G. T. : Je renouvelle un peu le groupe ; la complicité s’ouvre à de nouveaux compagnonnages. Je connais Christiane Cohendy depuis l’époque glorieuse du Théâtre National de Strasbourg où nous étions ensemble. Elle incarne l’Actrice de composition et Madame Ignazia. Font également partie de la distribution, Roland Depauw, Jacques Mazeran, Juliette Navis Bardin, Sophie Neveu, Anne Sée, Gurshad Shaheman, Maxime Tortelier, Aurélie Toucas.
 
C’est la première fois que vous montez une pièce du répertoire.
 
G. T. : Une façon de mettre à profit tous les chantiers de recherche que j’ai pu expérimenter auparavant, avec auteur, sans auteur ou dans le théâtre en appartement. J’ai le sentiment, avec cette pièce du répertoire, de la même liberté que celle requise pour le montage de textes et la mise en chantier du matériau théâtral. Le théâtre de Pirandello relève d’expériences novatrices. À 18h, avant la représentation, les spectateurs ont la possibilité de déambuler à travers les espaces de théâtre pour rencontrer, ici et là, quelques bribes de scènes prémonitoires de la représentation à venir.
 
Propos recueillis par Véronique Hotte


Ce soir on improvise d’après Luigi Pirandello, traduction Ginette Herry, montage et mise en scène Gilberte Tsaï,  lundi, vendredi, samedi 20h30, mardi, jeudi 19h30, dimanche 13 janvier 17h, du 12 janvier au 2 février 2008 au Nouveau Théâtre de Montreuil 10 place Jean Jaurès 93100 Montreuil
Tél :01 48 70 48 90 www.cdn-montreuil.com

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