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Théâtre - Entretien

Geoffroy Rondeau / L’Ame humaine sous le socialisme

Geoffroy Rondeau / L’Ame humaine sous le socialisme - Critique sortie Théâtre saint denis TGP-CDN de Saint-Denis
Le comédien Geoffroy Rondeau Crédit : Olivier Allard

TGP-CDN de Saint-Denis / d’après l’essai d’Oscar Wilde / sur une proposition de Geoffroy Rondeau / conception et jeu Séverine Astel, Gérald Kurdian et Geoffroy Rondeau

Publié le 24 janvier 2018 - N° 262

 Séverine Astel, Gérald Kurdian et Geoffroy Rondeau proposent une exploration « naïve et musicale » du rêve politique d’Oscar Wilde, tenant d’un individualisme esthète libéré des pesanteurs utilitaristes.

« Le public doit devenir artiste. »

 Comment ce spectacle est-il né ?

Geoffroy Rondeau : C’est un spectacle collectif, mais pour la première fois de ma carrière, je suis à l’origine d’un sujet, et, pour moi, ce spectacle a valeur de parole. Je suis artiste interprète. Les auteurs que je transmets me nourrissent. Mais avec ce texte, j’actualise la devise qui a été celle de ma formation : « vivre c’est choisir », la parole de Wilde explicite pourquoi je vis. En vérité, je n’ai d’autre prétention que de dire, grâce à cet auteur, ce que je suis incapable de dire seul. Le texte est donc celui de Wilde, et autour de lui, nous avons créé un spectacle d’images et de musiques.

 Que dit ce texte ?

G.R. : Selon Wilde, le principal avantage du socialisme est qu’il pourrait nous soulager de cette nécessité de vivre pour les autres. L’homme, naturellement ambitieux, est prisonnier d’une société qui confond la valeur de l’individu et celle de ses biens. Selon Wilde, la vertu altruiste ne fait que perpétuer la pauvreté au lieu de l’éradiquer. L’oppression du peuple par le peuple qu’engendre la démocratie est comparable à celle du public qui juge l’artiste. Contre ces erreurs, seule compte la réalisation de soi. Le public doit devenir artiste. Le socialisme est en ce sens une étape vers un individualisme abouti, qui ne serait plus empêché par les affres de la propriété privée. Plus de jalousie, plus de crime grâce au socialisme, qui doit conduire à cette utopie que Wilde appelle le « nouvel hellénisme ».

Comment s’organise le plateau ?

G.R. : Ce texte poétique serpente un peu : son adaptation au plateau était donc assez compliquée. Nous avions envie de musique : elle est très présente dans le spectacle, grâce au compositions originales de Gérald Kurdian. Nous avons décidé d’actualiser la pensée de Wilde en réalisant notre propre utopie. Le spectacle fonctionne comme un Smartphone, où apparaissent des vidéos, des images, dans une sorte de monde virtuel à constamment réinventer. C’est une sorte de façon de décliner le mythe de la caverne. Platon explique que les projections sur la paroi du fond de la caverne sont les ombres des objets qui passent derrière un muret qu’éclaire le feu intermédiaire situé sur le chemin qui conduit hors de la caverne. Il ne s’agit pas de rejoindre le monde des idées, puisqu’on est dévoré quand on en revient. Pour atteindre sa perfection, il faut se tenir à l’ombre de ce petit muret. C’est cela que Wilde appelle l’individualisme réel, qui consiste à développer sa personne dans la mesure où toute personne a sa perfection. Nous invitons donc le public chez nous, en le mettant au défi de créer sa propre individualité. Nous proposons un univers : à chacun, ensuite, de faire l’expérience de la beauté.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Geoffroy Rondeau / L’Ame humaine sous le socialisme
du lundi 29 janvier 2018 au samedi 17 février 2018
TGP-CDN de Saint-Denis
59, boulevard Jules-Guesde, 93200 Saint-Denis

Du lundi au samedi à 20h30, sauf le 3 février à 18h ; dimanche à 16h ; relâche le mardi. Tél. : 01 48 13 70 00.

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