Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna signent une nouvelle pièce où danse et théâtre cohabitent simplement, parfois discutent, mais jamais ne débordent.
Robes longues austères, murs gris oppressants… l’atmosphère développée dans Genre Oblique n’est guère réjouissante. Il s’y joue des complots que l’on devine, des relations étranges, des dialogues stériles. C’est la figure de Jeanne la folle, reine de Castille et d’Aragon, mère de Charles Quint, qui guide les danseurs et les musiciens tout au long du spectacle. D’abord incarnée par Brigitte Seth, tout en finesse, en petits halètements et questionnements futiles sur son poids, Jeanne devient la peau que l’on se transmet de corps à corps, que l’on incarne parfois bien malgré soi. Tous s’y mettent : danseurs, comédiens, musiciens (mention spéciale à Jean-Pierre Drouet, qui semble beaucoup s’en amuser… ) Une belle idée que ces longs manteaux qui circulent et emprisonnent les corps dans la folie du personnage.
L’oblique, un chemin trop rectiligne chez ces deux artistes
Ce Genre Oblique, qui caractérise aussi bien le travail de la compagnie Toujours Après Minuit que les obsessions de Juana la loca, s’exprime dans des situations de corps portées toujours par un individu face au groupe sans jamais céder à la tentation de l’histoire, qui reste en filigrane. Membres distordus, courses vaines, souffles dilatés par la trompette… tout pourrait exploser, mais l’ensemble reste contenu. Peut-être le poids du pouvoir, ou de l’autorité qui toujours a su comprimer les passions de la belle et l’enfermer dans son genre à elle. La pièce, rondement menée dans l’alternance du jeu et de la danse, se confine à l’étude de la figure de la folie sans pour autant déborder. La marge ou la frontière, revendiquée par Brigitte et Roser dans le fond comme dans la forme, reste ici un fil élastique qui ne se brise ni ne provoque d’éclats.
Spectacle vu au Théâtre des Abbesses.
Genre Oblique de Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna, du 8 au 17 avril, relâche lundi, mardi et mercredi. Les 8 et 15 à 19h30, les 9, 10, 16 et 17 à 20h30, et le 11 avril à 17h. A l’Espace 1789, 2/4 rue Alexandre Bachelet, 93170 Saint-Ouen. Tel : 01 40 11 50 23.