La Terrasse

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UNIVERS… L’AFRIQUE

UNIVERS… L’AFRIQUE - Critique sortie Danse

Publié le 10 octobre 2011

ABOU LAGRAA, EN DEUX QUATUORS, INTERROGE LA RELATION A SOI ET A L’AUTRE. UNE REFLEXION POETIQUE ET POLITIQUE, PORTEE PAR LA VOIX ET L’ENGAGEMENT DE NINA SIMONE.

Depuis plusieurs années, Abou Lagraa fait de la danse un outil pour créer des dialogues entre les pays et les peuples : avec lui, chaque projet chorégraphique est porteur de nouvelles dynamiques, aussi bien artistiques que sociales. En 2008, sa compagnie, La Baraka, commence à travailler en collaboration avec le ministère de la culture algérien, pour élaborer un « Pont Culturel Méditerranéen » visant à développer les échanges franco-algériens en faveur de la danse. Dans ce cadre, en 2010, un important programme de formation et de création voit le jour. Abou Lagraa chorégraphie alors Nya, pour dix jeunes danseurs de la Cellule Contemporaine du Ballet National Algérien. La pièce, présentée en France et à l’étranger tout au long de la saison 2010-2011, est un grand succès. La création d’Univers… L’Afrique est une nouvelle étape dans ce programme de coopération. Cette fois, c’est sous la forme d’un diptyque, en deux quatuors, que le chorégraphe conçoit une pièce qui rend compte des réalités et des enjeux de ce début de xxie siècle.
Métissage
et désir d’ouverture
L’un des deux quatuors, interprété par les membres de sa compagnie, se penche sur la question du couple et du lien amoureux : l’ivresse et l’abandon, mais aussi la difficulté d’aimer et d’être deux, la peur – peur de se perdre, peur d’être quitté, peur de voir mourir l’être aimé. L’autre quatuor, interprété par des danseurs de la Cellule Contemporaine du Ballet National Algérien, interroge également la relation à l’autre, mais sur un terrain différent : que signifie le fait d’être algérien et africain aujourd’hui ? Abou Lagraa, français d’origine algérienne, questionne ici ses propres racines, tout en mettant en lumière le métissage qui caractérise l’Afrique aujourd’hui, et surtout le désir d’ouverture de la jeunesse africaine : dans une énergie hip-hop endiablée, les corps disent le besoin de s’exprimer, d’aller vers l’autre et de l’accueillir. Une figure et une voix relient ces deux moments de la pièce : celles de Nina Simone. La chanteuse américaine a en effet interprété les plus beaux chants d’amour. Elle n’a, par ailleurs, jamais cessé de revendiquer son africanité et de s’élever contre les discriminations raciales. Mise en relation avec des œuvres musicales occidentales plus récentes (par les groupes Organica Remix et Masters at Work, ainsi que par le compositeur Eric Aldéa), le jazz de Nina Simone nous rappelle l’actualité brûlante d’un engagement artistique et humain, tout en nous parlant constamment de nostalgie, de rencontres et de métissage.

Marie Chavanieux


Univers… L’Afrique, chorégraphie d’Abou Lagraa, du 3 au 5 mai 2012.

A propos de l'événement



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