La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -246-TKM / Saison 2016~2017

Un lieu de création et de transmission

Un lieu de création et de transmission - Critique sortie Théâtre Renens-Malley TKM - Théâtre Kléber-Méleau
Crédit photo : Alejandro Guerrero

D’après Molière / mes Omar Porras
Entretien / Omar Porras

Publié le 27 août 2016 - N° 246

Directeur du TKM – Théâtre Kléber-Méleau depuis le 1er juillet 2015, Omar Porras y entame sa deuxième saison, porté par l’adhésion du public. Il crée Amour et Psyché, comédie-ballet de Molière, et imagine un feu d’artifice théâtral et musical éclairant les amours des mortels et des dieux.

« Offrir une secousse qui fait trembler l’imaginaire. »

Quelle est votre ambition pour le TKM ?

Omar Porras : Le Théâtre Kléber-Méleau est assez peu connu en France, et j’ai l’ambition et le désir qu’il le soit davantage. Les créations de la compagnie Malandro, que je dirige, tournent beaucoup et peuvent y contribuer. Mais je souhaite aussi que sa visibilité soit accrue grâce aux créations des metteurs en scène locaux et internationaux que je souhaite inviter. Il ne s’agit pas seulement d’envoyer nos spectacles en France, mais de devenir un terrain de diffusion efficace. Il s’agit donc d’inventer la transition entre un nouveau projet et l’histoire passée de ce théâtre. Je ne souhaite pas effacer la mémoire de la collectivité qui l’a construit et en a fait un symbole du théâtre romand.

Quel est son public ?

O. P. : 140 nationalités environ : Renens est la région de Suisse qui connaît la plus grande concentration de populations étrangères : cela me la rend particulièrement familière puisque je viens d’ailleurs, moi aussi ! Mon projet est de fédérer ce public et de démocratiser l’accès au théâtre en le facilitant. Nous avons ainsi développé une politique tarifaire beaucoup plus simple, avec un système de pass. Au bout du sixième spectacle, le pass est amorti et assister aux spectacles suivants coûte seulement 5 francs suisses. Mon but n’est pas seulement de remplir mais de faire en sorte que le public s’approprie ce théâtre.

Quel est le bilan de votre première saison ?

O. P. : Artistiquement, le bilan est positif : la présence du public et les éloges de la presse ont été très encourageants. Le lieu devient de plus en plus un lieu de création avec de vrais moyens, du temps et une structure offerts aux artistes pour développer leurs oeuvres. On ne badine pas avec l’amour, mis en scène par Anna Schwaller, a été exploité lors de vingt représentations. J’aspire à continuer ainsi, et c’est pourquoi je n’accueille que cinq ou six spectacles par an. La création d’Anna Schwaller sera en tournée cette saison dans six théâtres différents, dans les trois régions linguistiques. J’aimerais aussi développer ce lien entre ces régions. J’insiste aussi beaucoup sur le répertoire romand : la saison dernière a commencé avec La Visite de la vieille dame, la prochaine débutera avec L’Histoire du soldat.

Quels autres projets à venir ?

O. P. : Je souhaite aussi développer le travail autour de la musique, et, chose très importante, mettre le théâtre au service du théâtre amateur. Nous avons formé un groupe devenu une troupe de théâtre amateur et nous lançons La Ruche, école de théâtre amateur, endroit de transmission, de dialogue entre artistes et citoyens ! La demande est énorme et le succès incroyable ! La transmission et le répertoire demeurent deux choses fondamentales à mes yeux. Je crois que le théâtre est aussi une école.

Pourquoi choisir de mettre en scène Amour et Psyché de Molière ?

Omar Porras : C’est une aventure qui tourne dans ma tête depuis des années. J’ai toujours été étonné que ce texte, plein de beauté et de mystère, soit si peu monté. Lors de sa création, entre chanteurs, musiciens, comédiens et danseurs, entre 300 et 320 personnes participaient au spectacle. En 1670, Louis XIV commande une pièce qui soit l’occasion de remettre en fonction l’ancienne salle des machines des Tuileries. Molière avait très peu de temps pour imaginer un spectacle et s’est vu obligé de demander de l’aide à Corneille et à Quinault, le librettiste de Lully. Molière a écrit la structure globale d’une pièce à la paternité multiple, et c’est cette multiplicité qui fait sa richesse, marquée par la variété stupéfiante des écritures et des styles, et par le mélange de la chanson, de la musique et de la danse.

Comment l’adaptez-vous ?

O. P. : J’ai choisi de ne pas utiliser la musique de Lully et d’accompagner son écriture par d’autres écritures qui ont traversé l’histoire de l’art, de la période baroque à nos jours. Molière s’inspire de La Fontaine, lui-même inspiré par Apulée et Ovide. Ce texte est celui où Molière est le plus proche de la tragédie antique, et, en même temps, cette comédie est une ébauche de la comédie musicale française. Je veux donc m’approprier tous les éléments qui irriguent cette pièce, pour en faire un spectacle concentré, où apparaisse le génie de Molière traversant les styles et les époques. C’est un voyage dans le temps, entre XVIIème siècle et aujourd’hui, mais aussi un voyage entre Versailles, les Tuileries et le TKM, et enfin un voyage entre les cieux et les enfers, l’Olympe et la terre, les divinités et les mortels, dans un assemblage hétéroclite d’hier et d’aujourd’hui. C’est ma première création au TKM, et c’est une manière de célébrer le théâtre et d’en redorer le blason avec de la magie, des images et une pléiade de personnages. Il s’agit, comme le fait Molière, d’offrir une secousse qui fait trembler l’imaginaire.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Amour et Psyché
du mardi 14 mars 2017 au dimanche 9 avril 2017
TKM - Théâtre Kléber-Méleau
Chemin de l'Usine à gaz 9, 1020 Renens, Suisse

Tél : +41 (0)21 625 84 29. www.t-km.ch

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