Un carrefour d’échanges ouverts sur le territoire, rencontre avec Jackie Surjus Collet

Pourquoi avoir choisi de reporter l’édition 2020 ?

Jackie Surjus-Collet : Aujourd’hui musiques est un festival de création. Les commandes, six au total, et quatre coproductions, prévues en 2020, ont été payées, pour ne pas pénaliser les artistes, qui souffrent de l’interruption du spectacle vivant. Surtout, notre programmation cultive des propositions hybrides et immersives, difficiles à concevoir pour la captation et le streaming. Elles ne prennent vraiment leur sens qu’avec et au cœur du public. L’édition 2021 ne sera cependant pas à l’identique de 2020 : deux concerts d’avant-spectacle avec une commande passée à Marc Dumazert ont été ajoutés, ainsi qu’une soirée de danse, Fix me d’Alban Richard, sur une création sonore d’Arnaud Rebotini, pour donner une touche festive aux retrouvailles avec le public.

« Notre programmation cultive des propositions hybrides et immersives. »

Comment le Théâtre de l’Archipel s’est-il adapté pendant cette période de fermeture ?

J.S.-C. : Comme l’ensemble des équipes techniques étaient disponibles, nous avons proposé aux artistes des résidences afin qu’ils puissent répéter et ajuster leur spectacle en situation, avec tous les outils du plateau du théâtre, dans des conditions optimales que leurs lieux de travail habituels ne permettent pas toujours. Alexander Vert, par exemple, a pu tester la cage acoustique de Birds, Winds and Dreams en grandeur nature, et affiner son dispositif. Par ailleurs, en l’absence de spectateurs dans la salle, nous avons poursuivi, en nous adaptant aux protocoles en vigueur, notre travail d’action culturelle.

En quoi cet essaimage au-delà du spectacle constitue-t-il une marque de fabrique d’Aujourd’hui musiques ?

J.S.-C. : Le festival est pensé comme un carrefour d’échanges et de transmission, où le Théâtre de l’Archipel est un foyer ouvert sur la ville. Deux exemples. En prolongement de Liber de Maguelone Vidal, l’ethnologue Anne Varichon donnera une conférence sur la peau au musée Rigaud. Sur le parcours de la ballade électro Fake de Wilfried Wendling, les élèves de l’option danse du lycée Jean Lurçat ont préparé un happening. Aujourd’hui musiques est un festival fondé sur le partage, dans lequel pédagogie et création sont intimement liées.

Propos recueillis par Gilles Charlassier