Osmoses et croisements

L’essentiel des spectacles de cette édition sont des créations sonores et visuelles qui croisent les genres, les langages scéniques et plastiques. Symbole de cette ouverture au-delà des murs, la ballade Fake conçue par Wilfried Wendling invite, le 12, à une déambulation urbaine sous casque où une fresque musicale et électronique se mêle au récit des aventures de Peer Gynt, dans une bulle imaginaire poreuse aux bruits de la ville. Cette osmose entre le spectateur et son environnement se retrouve dans le duo voix et guitare de Beñat Achiary et Joseba Irazoki au lever et au coucher du soleil, au Foyer panoramique le 17, comme dans le brunch et la sieste gourmandes Mar i munt, dans laquelle, le 14, au Carré, Jérôme Hoffmann recrée avec différents instruments et objets sonores les paysages du Roussillon.

Expériences immersives

Cette salle du Carré est propice aux expériences en dehors des sentiers battus. Dans Liber, le 13, Maguelone Vidal élabore une écriture à la croisée de la musique et de la danse à partir des interactions entre corps et son – que les installations proposées tout au long du festival permettent d’explorer de manière interactive. Avec [zaklin] Jacqueline écrits d’art brut, Olivier Martin-Salvan et Philippe Foch ont conçu un théâtre musical singulier à partir de textes d’artistes marginaux, aux confins de la folie. Trois jours plus tard, le 19, dans Vaudeville, la composition musicale et live de Christophe Ruetsch rencontre la voix du contre-ténor Loïc Varanguien de Villepin dans une scénographie habillée par les improvisations graphiques de Vincent Fortemps. En clôture, le 21, Philippe Foch revient avec Métal Mémoire, qui associe un clavier de plaques de métal conçu pour la performance et des projections vidéos dans une traversée de l’ombre à la lumière. Enfin, la jauge plus large du Grenat accueille deux soirées immersives. Fix me, le 18, met la chorégraphie énergique d’Alban Richard sur une partition d’Arnaud Rebotini réalisée à partir de discours politiques, prêches évangélistes et chansons féministes. Quant à l’autre spectacle de clôture, Birds, Winds and Dreams du vidéaste Thomas Penanguer et du compositeur Alexander Vert, il nous plonge au cœur d’une nuée d’oiseaux grâce à des outils numériques et électroacoustiques, s’inscrivant ainsi dans la réflexion sur les nouvelles technologies engagée par Aujourd’hui musiques depuis de nombreuses années.

Gilles Charlassier