La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -269-Théâtre Les Gémeaux

Un artiste qui se réinvente

Un artiste qui se réinvente - Critique sortie Classique / Opéra Sceaux
Franck Tortiller © D. R.

Jazz / un nouvel orchestre et deux créations
Entretien Franck Tortiller

Publié le 20 septembre 2018 - N° 269

Tour d’horizon des trois projets développés par le vibraphoniste et compositeur à l’occasion de sa dernière année de résidence aux Gémeaux.

Vous revenez aux Gémeaux, avec Collectiv, l’orchestre que vous avez monté avec de jeunes musiciens…

Franck Tortiller : Un nouvel orchestre concrétise un parcours. On a eu la chance de pouvoir faire quelque chose qui ne se fait plus : une série de concerts. C’est un bénéficie énorme de pouvoir créer, expérimenter, polir un répertoire. Cette confrontation de générations est très enrichissante. En phase de travail, j’écris la musique, les arrangements… En revanche, je ne décide pas de la manière dont ils seront joués : la rythmique, les phrasés de cuivre, comment jouer les choses, comment se les approprier, etc. : l’orchestre s’en charge. Or, cette génération a une approche moins romantique du jazz que la mienne, car la plupart l’ont appris dans les écoles. Pour eux, le jazz fait partie d’une esthétique, pas d’un absolu. Cela donne un côté work in progress, qui, en définitive, est la vraie tradition des orchestres de jazz. C’est ce que j’essaie de retrouver. Un orchestre de jeunes avec un travail à l’ancienne !

Vous présenterez également un hommage à Debussy avec le quatuor qui porte son nom.

F. T.: Comme je collabore avec eux depuis plusieurs années, les musiciens du quatuor Debussy m’ont demandé, ainsi qu’à Jacky Terrasson et Vincent Peirani, d’écrire, à l’occasion du centenaire de la mort de Debussy, des pièces inspirées de ses Préludes pour piano, pour quatuor et musicien improvisateur. J’en ai choisi deux mais je dois dire que c’est l’une des choses les plus difficiles que j’ai faites ! Ces courtes pièces sont de vraies perles, de mini chefs-d’œuvre. Y toucher est très compliqué. J’ai donc pris le parti d’emprunter des chemins de traverse, je m’en suis inspiré plus que je ne les ai arrangés. Travailler avec un immense quatuor à cordes classique m’a obligé à affiner l’écriture pour cordes par le moindre détail… Il faut rentrer dans le ciselé d’un quatuor. Chaque note, chaque intention est importante. On ne laisse rien au hasard.

« J’ai pris le parti d’emprunter des chemins de traverse. »

Enfin, vous terminerez par un nouveau ciné-concert, autour de Charlie Chaplin.

F. T.: Avant cette résidence, c’est quelque chose qui ne m’était jamais venu à l’esprit. Je me suis associé à deux pianistes musiciens, spécialistes de l’exercice, Jacques Cambra et Christofer Bjurström. Après Buster Keaton et Max Linder, on va s’attaquer à trois courts-métrages muets de Charlot. La musique doit évoquer sans se cantonner à une dimension descriptive. J’ai beaucoup appris sur le rythme musical, ce que l’on doit souligner ou non, ce qui est redondant… On travaille de manière collective et ouverte. La musique porte l’image. Je trouve formidable que, dans une résidence, le théâtre ne se contente pas d’accueillir un artiste mais lui propose, comme l’a fait Françoise Letellier, d’essayer des choses nouvelles. Cela génère un vrai travail artistique partagé.

Propos recueillis par Vincent Bessières

A propos de l'événement

Collectiv
du vendredi 19 octobre 2018 au vendredi 19 octobre 2018


à 20h.

Debussy on Jazz !, le 19 février à 20h45.

Charlot sur la route, à l’Auditorium du Conservatoire à rayonnement départemental de Bourg-la-Reine. Le 11 mai à 16h et 20h45.

 

Théâtre Les Gémeaux

49, avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux.

Tél : 01 46 61 36 67. www.lesgemeaux.com

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